« Même quand vous faites votre shopping, la mort se cache derrière le pack de lait ».

Dans la série à succès la Faucheuse de Neal Shusterman, partons à la découverte d’un futur utopique où plus personne ne meurt … ou presque.

A l’ère du progrès vint l’immortalité.

Au IIIème siècle de notre ère, les pays, unis sous la bannière d’un même continent, sont administrés par une intelligence artificielle unique nommée « Thunderhead ». Celle-ci, sur un territoire donné, met fin aux débats politiques, optimise la répartition des ressources, et garantit la prospérité économique et sociale de ses habitants.

En bref Thunderhead devient une entité suprême cumulant les pouvoirs exécutif, législatif et juridique qui surveille et régit la vie de la population.

Cette entité informatique omnisciente et omnipotente va rendre possible la résolution des grandes problématiques du monde contemporain tels que le réchauffement climatique, les guerres, les maladies, la pauvreté, et la faim dans le monde.

Elle va de même, grâce aux avancées scientifiques, et particulièrement à celles dans le domaine médical, permettre à l’humanité d’atteindre un nouveau stade : celui de l’immortalité et de la jeunesse éternelle.

Jeunesse éternelle, immortalité, et si c’était la réalité ?

Vous vous sentez vieux, fatigué, et regrettez votre jeunesse passée ? Pas de problème ! La science est à votre écoute. En seulement quelques minutes, retrouvez votre corps de jeune éphèbe dans la fleur de l’âge, et profitez à nouveau de la vie !

L’âge n’est alors plus qu’un simple nombre sur un bout de papier, qui n’impacte pas votre apparence, et peut même vous induire en erreur. Car qui sait, vous pourriez lors d’un rendez-vous galant, vous retrouvez en face d’un grand-père de 289 ans et le trouver étonnement attirant, lui qui a retrouvé sa jeunesse d’antan.

Ces nouvelles techniques médicales vont même plus loin que la jeunesse éternelle : défiant tous les tabous, il est dorénavant possible de surmonter la mort.

Puisque la mort n’est plus une fatalité, il est maintenant concevable, comme dans un jeu vidéo, de ressusciter à l’infini et à moindre frais.

Mourir devient alors un loisir comme un autre. Parce que oui, se jeter en dessous d’un train ou sauter d’un immeuble est devenu l’activité la plus en vogue du IIIème siècle.

Pourtant dans ce futur où la phrase « Si je n’ai pas la moyenne, je saute par la fenêtre » serait une réalité, et où votre planning pour samedi serait une « dégustation de cyanure », un problème persiste.

Dans ce monde utopique où plus personne ne meurt, comment garantir une allocation équitable et suffisante des ressources disponibles avec une population qui ne cesse de croître ?

Faucheur, métier d’avenir ?

Face à la population mondiale en perpétuelle augmentation, une nouvelle profession émerge : faucheur.

Carrière professionnelle comme une autre, le métier de faucheur consiste entre autres à glaner des vies. En soi, une belle appellation pour désigner un tueur à gage rémunéré par l’Etat.

Ce poste de fonctionnaire un peu particulier dispose du droit de supprimer votre retraite, et accessoirement votre vie. Seuls individus à disposer du droit de vie ou de mort selon leur bon vouloir, les faucheurs ont carte blanche, ou presque, pour exercer leur métier.

Cependant malgré leur ressemblance avec le mythe de la Faucheuse, probablement due à leur cape de fonction et leur air morbide, les faucheurs ne sont que de simples humains qui doivent se soumettre à quatre commandements :

Tu tueras.

Tu tueras sans aucun parti pris, sans sectarisme et sans préméditation.

Tu accorderas une année d’immunité à la famille de ceux qui ont accepté ta venue.

Tu tueras la famille de ceux qui t’ont résisté.

Lesdits commandements, plus ou moins respectés par les faucheurs, sont universels, immuables et inaliénables. Mais après tout, n’est-il pas vrai que ce sont les ministres qui fraudent le plus ? Il en est de même pour les faucheurs, si certains se soumettent aux commandements sans rechigner, d’autres n’hésitent pas à les enfreindre.

Alors soyez vigilant ! Puisque votre vie dépend du bon vouloir du faucheur, mieux vaut faire bonne impression auprès de celui-ci. Insulter un faucheur ? Mauvaise idée si vous ne voulez pas finir en petit morceaux. Au contraire si un faucheur s’invite à diner et trouve votre cassoulet excellent, vous obtenez un an d’immunité.

Pourtant malgré tous ces avantages, la profession n’attire pas beaucoup de candidats, au dépend du nombre croissant de postes à pourvoir, et les faucheurs, bien en peine de ne pouvoir transmettre leur vocation, en viennent alors à des moyens un peu plus radicaux.

Faucheur, un art qui se transmet.

Poste de faucheur à pourvoir.

Cadre de la fonction publique.

Haut salaire.

Travail tous terrains.

Distanciel possible.

Régime spécial de retraite.

Tenue de travail fournie (faux non comprise).

Maître Faraday, éminent faucheur aux nombreux principes, cherche désespérément les successeurs de son art.

C’est lors de l’un de ses multiples glanages qu’il recrute, plus ou moins de force, ses deux nouveaux apprentis : Citra et Rowan. Les deux adolescents, sous la tutelle de Maître Faraday, vont ainsi être en compétition pour acquérir leur diplôme de faucheur, avec à la clef l’obligation de tuer le perdant.

S’ensuit alors pour nos deux héros un périple au cheminement incertain, entre massacres et magouilles, pour acquérir les ficelles du métier de faucheur.

Le mot de la fin

Un roman dystopique plongeant au cœur de la psychologie humaine axé sur le concept de la mort et de sa personnification : la Faucheuse.

Une trilogie, écrite par Neal Shusterman, best-seller aux Etats-Unis, qui a déjà fait ses preuves auprès des lecteurs français en gagnant en 2020 le Grand Prix de l’Imaginaire, et qui sera prochainement adaptée en film par le studio américain Universal.

 

Alice Buchner