Déçus de devoir attendre encore un an avant la nouvelle saison de Game of Thrones ? Si vous avez hâte de vous replonger dans un univers médiéval où resurgit la magie, peuplé de personnages pas toujours très plaisants, vous pourriez apprécier la saga « La Première Loi » de Joe Abercrombie.

Comme l’ouvrage de G.R.R. Martin, cette trilogie fait partie de la fantasy appelée « grimdark », caractérisée par ses teintes dystopiques et ses héros amoraux.

 

 

  • Héros, anti-héros… Des hommes avant toute chose

 

 

 

Dans un monde où les tambours de guerre se font entendre, des hommes que tout semble séparer répondent à l’appel d’un mystérieux mage.

 

Jusque-là, l’intrigue est plutôt basique. Et pourtant, le livre prend une direction originale. Cette communauté de soi-disant héros a piètre allure : entre un barbare déserteur, un inquisiteur infirme, un jeune officier égocentrique et un mage douteux, pas de quoi dresser une grandiose épopée.

 

Cynique, désabusé, sanglant, imprévisible, l’auteur nous dévoile un monde en plein chaos où ses personnages y errent souvent sans emprise. Poser une limite claire entre le bien et le mal s’avère une tâche ardue pour le lecteur, car cet univers est tout sauf manichéen. A ma plus grande surprise, je me suis aussi sentie baladée allègrement par l’auteur, tout comme ses héros, assistant impuissante aux dévoilements et retournements de situation.

 

 

  • La relève du genre ?

 

 

Il faut noter qu’Abercrombie est un jeune auteur de fantasy, ayant travaillé dans le cinéma. Son style plutôt cru peut déplaire à certains, mais il apporte du caractère à l’ouvrage. En le lisant, on a presque l’impression de regarder un film, le dialogue se mêlant harmonieusement à l’action.

 

Le dialogue est un des points forts de ce livre. L’auteur a réussi à intégrer les pensées de ses personnages au texte avec une grande finesse. On ressent une certaine intimité à partager les pensées du tortionnaire Glokta qui, sous ses apparences de tyran, se révèle être un infirme lui-même victime de guerre, tiraillé par ses décisions. Les personnages se révèlent complexes et profonds, pour certains si détestables qu’ils en deviennent attachants. On se questionne continuellement sur ce qui les pousse à agir, découvrant peu à peu leur histoire. Dans cet univers si sombre, Abercrombie ne lésine pas sur l’humour noir qui rafraîchit bien la situation. 

 

  • Fantasy : invention et réinvention

Par Darya Kuznetsova

 

Le premier tome a tendance à s’appuyer sur ses personnages jusqu’à en négliger l’intrigue. Si pour certains lecteurs, la longue introduction à l’univers représente un gage de richesse, la lecture du premier tome peut s’avérer tortueuse pour les plus impatients.

Un autre aspect du fantastique qui déstabilise le lecteur est souvent la longueur des descriptions. Que ce soit les lieux ou l’Histoire du monde créé par l’auteur, leur compréhension peut s’avérer laborieuse. Joe Abercrombie se concentre sur l’essentiel. Même si son univers est vaste, on en aperçoit seulement les contours et il laisse souvent planer le mystère sur des aspects qu’il ne juge pas nécessaires à l’intrigue.

Le genre fantastique est usé, copié, recopié… Peu d’ouvrages se démarquent récemment et arrivent à s’extirper des archétypes. Pourtant, il faut se rappeler que la fantasy est un genre qui permet de se hisser hors du réel pour mieux le déchiffrer. Grâce à cet outil de création, ces livres nous apportent une réflexion sur le pouvoir, faisant écho non seulement à notre passé mais également à notre monde actuel.

 

La trilogie principale est complétée par 4 standalone, et l’auteur a déclaré qu’il préparait une autre trilogie dans le même univers.