Design, public et musique – Matthieu

 

«C’est un monde unique, absolument fantastique

 Et, cela va sans dire
Impossible à décrire
Comme le plus improbable des rêves
 »

 

 

Voyage en terre farfelue

L’étrange Noël de Monsieur Jack prend place dans la ville d’Halloween et dès les premières secondes le film s’assure que nous y soyons bien transportés ! D’abord par la voix du narrateur puis la musique qui prend le relais à ses paroles et enfin par le tour d’horizon des personnages au design plus…étrange qu’effrayant.

 

 

 

 

 Nous sommes rapidement plongés dans ce monde par l’ambiance présentée, mais également par le scénario et ses enjeux qui se montrent bien vite : on comprend en quelques minutes le problème de notre héros Jack, il s’ennuie à répéter les mêmes crimes et horreurs lors d’Halloween. Cette rapide exposition paraît d’abord un peu artificielle mais nous assure en fait de nous embarquer dans l’histoire qui nous sera contée : on suivra Jack dans sa quête, même si lui-même ne sait pas encore ce qu’il cherche.

 

 

Rires et chansons

Eh oui, car des chansons, ce film aime nous en donner ! La plupart des nouveaux lieux sont d’ailleurs introduits par une chanson, que ce soit la ville d’Halloween toute entière, Christmas Town ou l’antre d’Oogie-boogie… Avec 10 chansons, plus celle finale qui reprend plusieurs thèmes déjà entendus, l’Étrange Noël de Monsieur Jack sait accompagner les différents déroulements de son histoire, d’autant plus que le film ne dure que 1h15, pas le temps de s’ennuyer !

 

Il est assez difficile de savoir à qui s’adresse ce film, on voit bien que certaines tentatives d’humour comme de simples jeux de mots ne visent pas un public particulièrement averti. Le scénario est aussi relativement simple et semble s’adresser à tous mais les designs assez particuliers, pour ne pas dire repoussants, ne ciblent pas les enfants et font donc de ce film une étrangeté. Reconnaissons tout de même que la version française du film est en partie mal desservie par certaines traductions qui perdent le panache présent dans la version originale, mais si l’on parle de l’adaptation française, il faut alors aborder un autre point !

 

Le talent musical

 

S’il faut bien rendre justice à cette version française, c’est sur un point tout particulier : l’interprétation des chansons, notamment par Olivier Constantin qui prête sa voix à Jack, et évidemment Richard Darbois en tant qu’Oogie-Boogie. Ils réussissent à apporter au film la crédibilité dont il a besoin du fait des visuels des décors qui, tout en étant beaux et agréables, ne retranscrivent pas d’aspect dramatique, de tension. Leur jeu de doublage sait exprimer tous les sentiments que Jack éprouve au cours de son voyage, pour Olivier Constantin, et Richard Darbois réussit à créer en bien peu de dialogues, une figure antagoniste de poids à notre squelette.

 

Soulignons une dernière fois la qualité d’interprétation d’Olivier Constantin, notamment pendant les chansons, sachant parfaitement donner l’illusion que son personnage est en pleine découverte tout en réalisant des prouesses vocales. Et ultime point concernant la musique : notez son omniprésence, elle ne s’arrête presque jamais, constituant 1h de bande originale, le tout par Danny Elfman, un régal.

 

 

Une étrangeté qui joue avec les codes du classique – Adrien

 

Dans l’usine de l’effroi, l’ennui se pointe

C’est dans le monde d’Halloween que commence notre histoire, dans une ville qui bat son plein à l’approche de l’évènement qui fait battre le cœur de la ville : la fête d’Halloween. Mais, au fur et à mesure des années qui inlassablement se répètent et se ressemblent, notre héros Jack, alias le Roi des Citrouilles, maestro de l’épouvante, se lasse. L’ennui le gagne et il cherche désespérément à apporter de la nouveauté à Halloween.

 

Un Halloween Noël-compatible ?

Après avoir voyagé au travers des villes représentant les différentes fêtes de l’année, Jack trouve la perle rare qu’il cherche dans la fête de Noël. Mais les habitants de la ville d’Halloween sont des puristes. Mais Jack, bille en tête, persiste et signe voulant absolument que la ville d’Halloween fête Noël. Mais le désastre annoncé va fatalement se réaliser : les enfants du monde sont terrifiés par leurs cadeaux de Noel Made in Halloween, et par Jack déguisé en père Noel. Mettant en danger Noel, sa ville et sa chère et tendre Sally, aux mains du diabolique Oogie Boogie, Jack, déprimé, se reprend alors en main, sauvant ainsi tout ce qui lui tenait à cœur : Sally, bien sûr, mais biens plus encore, tout le monde d’Halloween.

 

Un gentil atypique pour une morale typique

Ce qui frappe dans ce film, c’est le personnage du gentil, incarné par Jack, et son caractère bien différent des autres gentils dans la plupart des autres films d’animation. En plus d’incarner la fête de la peur, de l’épouvante même, c’est de lui que viennent les problèmes qui vont frapper la ville. On est ici bien loin du gentil classique, aux idées brillantes, qui contre un méchant à l’origine du problème de l’histoire. Le scénario est donc entièrement centré sur Jack, à l’origine des problèmes et de leurs résolutions.

 

 

Malgré le caractère spécifique du gentil de l’histoire, la morale de celle-ci reste plutôt classique. Jack se laisse aveugler par son désir personnel de changement, d’amélioration d’Halloween sans se préoccuper de l’opinion du peuple d’Halloween ; et met ainsi en péril tout ce à quoi il tient. Une morale certes classique mais malgré tout très bien illustrée par le personnage de Jack, un personnage sensible tourné vers les autres, mais aveuglé par lui-même.