• Il était une fois une série de comics ayant remporté 20 prix Eisner

La longue épopée de Fables se termine enfin, après 13 ans de rebondissements. Cette série a su s’élever au rang des classiques de la bande dessinée en redonnant vie aux personnages de notre enfance. Fables, c’est l’histoire de légendes de contes vivant à l’ère moderne, essayant de garder leur petite communauté d’immortels secrète. Le Grand Méchant Loup en liberté dans New York ne semble pas vraiment être synonyme de discrétion, mais il est en fait le shérif de ce groupe hétéroclite. Oublions tout de suite palais et glorieuses quêtes, les Fables vivent désormais dans la misère. Arrivés dans notre monde il y a environ 400 ans, ils ont été exilés du leur par un mal connu sous le nom de « l’Adversaire ». Notre monde dépourvu de magie est un refuge à l’abri de la guerre pour les Fables survivants. Pour rester cachés, ils utilisent des enchantements les dissimulant du commun des mortels. Pauvreté, corruption, alcoolisme… Ils n’échappent cependant pas aux maux de ce monde. La vive critique de la société n’est pas reléguée au rang de simple clin d’œil mais possède une place centrale dans l’intrigue.

 

Et comme si survivre en tant que mortels ne suffisait pas à leur peine, Fableville est secouée par un drame. Tout commence quand Rose Rouge, la sœur de Blanche-Neige, disparait en laissant derrière elle un appartement maculé de sang. Le shérif Bigby mène l’enquête. Autrefois monstre sanguinaire, représentant du mal dans la culture des contes, le loup solitaire doit désormais veiller à la sécurité de Fableville. Comme les autres Fables, il tire sa puissance de sa popularité dans le monde des hommes, et est ainsi l’un des personnages les plus puissants de la communauté.

  • Des péripéties palpitantes

Le premier arc est certes maladroit, mais la série s’affirme au fil des volumes et révèle une intrigue travaillée. Après un début consacré à l’introduction au monde et aux personnages clés, la série devient rapidement captivante et l’intrigue avance à un rythme soutenu sans jamais s’essouffler. Les personnages s’écartant des stéréotypes confèrent à l’histoire bien plus de caractère qu’un simple conte pour enfants, et l’auteur les amène bien plus loin que leur conte originel, leur fait affronter le monde moderne et réinterprète leur histoire avec un regard critique et contemporain.

 

La série est divisée en plusieurs arcs de durée variable, mais de qualité soutenue. Chacun révèle un peu plus du monde des Fables et de l’histoire des personnages. Même des Fables nous semblant insignifiants au départ trouvent un nouveau souffle au fil de l’histoire.

 

Le ton oscille brillement entre humour, thriller et aventure. Malgré la longueur de la série, rares sont les phases sans rebondissement. Même si on peut qualifier les personnages de « recyclés » du fait de leur origine, l’auteur leur crée une personnalité complexe et dynamique rendant l’histoire aussi sombre qu’imprévisible.

 

Le dessinateur initial a été rapidement remplacé par Mark Bukingham, qui donne vie à l’univers de Bill Willingham avec caractère. Les traits sont plus précis et il apporte force et grâce à l’œuvre avec beaucoup d’inventivité. Les couvertures des volumes par James Jean sont aussi reconnues pour leur très grande qualité, dépeignant les personnages sous leur nature mystérieuse.

  • Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup de retentissement

Le triomphe de la série ne s’arrête pas là. L’éditeur Urban Comics lui donne une nouvelle vie en compilant la série en 17 intégrales, dont la première est parue en France en février. Pour environ 15 euros le tome, renouez avec vos héros d’enfance désormais plongés dans la dure réalité de notre monde. Et si la lecture ne vous enchante pas, vous pouvez aussi retrouver l’univers de Fables fidèlement adapté dans le jeu vidéo « The Wolf Among Us » par Telltale.