« It wasn’t brave because he wasn’t scared: it was the only thing he could do. But going back again to get his glasses, when he knew the wasps were there, when he was really scared. That was brave. […} « And why was that? » asked the cat, although it sounded barely interested. « Because, » she said, « when you’re scared but you still do it anyway, that’s brave. »

Coraline, c’est l’histoire d’une jeune fille qui s’ennuie et s’aventure dans un monde parallèle où la plupart des choses sont inversées. Elle y fait la rencontre de plusieurs habitants à chaque chapitre. Attendez un instant… Et si on rajoute la présence d’un chat qui parle de manière énigmatique, cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Gagné ! Vous avez là un synopsis proche de celui d’Alice, mais les enjeux sont-ils les même ? La même absence de morale ? Le même style d’absurde et de jeux de mots ? Quelle était la volonté de l’auteur ? Simple inspiration, hommage ou violent repompage ? Après cet article vous aurez une idée plus claire de ce qu’est cette œuvre !

Tellement de points communs que je surnomme cette œuvre Coralice.

Commençons par étudier ce point parce qu’il est l’une des raisons de la popularité de Coraline : l’œuvre partage plusieurs similitudes avec l’histoire de Lewis Carroll. Évidemment son synopsis, comme vous l’avez compris en introduction, mais également des reprises du caractère d’absurde. Notamment l’absurde dans le langage comme on a pu le voir dans Alice et qui se retrouve ici dans Coraline lorsque notre héroïne demande au chat : « How can you talk? Cats don’t talk at home. » « No? » said the cat. « No, » said Coraline. The cat leapt smoothly from the wall to the grass, near Coraline’s feet. It stared up at her. « Well, you’re the expert on these things, » said the cat drily. « After all, what would I know? I’m only a cat. »

On peut aussi voir que cette courte histoire reprend un des éléments qui passionne absolument la fan-base d’Alice : le thème de la folie. L’univers d’Alice est souvent associé à ce thème, il n’y a qu’à voir ses adaptations, notamment le titre de ses jeux vidéo pour s‘en convaincre Alice : Retour au pays de la folie. Même si je pense personnellement qu’Alice n’a rien de commun avec la folie et vous invite à consulter mon précédent article pour vous en convaincre. Mais bref, si vous lisez Coraline ou en voyez le film d’animation, vous aurez sans doute cette impression d’ambiance proche de celle d’Alice pour une raison très simple. C’est parce que l’héroïne entre dans un nouveau monde et y rencontre des personnages se comportant étrangement et même de façon totalement opposée à ce que l’on attend d’eux. C’est sans doute cette touche d’étrange qui a permis cette fascination pour Coraline et lui a attribué ce succès inattendu. Si vous appréciez donc son œuvre d’inspiration, Alice, vous aimerez également Coraline pour cette même qualité et son aura de mystère.

Mais n’allez pas croire que l’œuvre que je vous présente est une pâle copie ou une reprise des aventures de Miss Liddell. Il est temps de voir en quoi notre chère Coraline Jones se démarque. Et ensuite je vous montrerai pourquoi elle vous fera vérifier que vous avez bien fermé votre porte à double-tour cette nuit.

Une histoire d’horreur pour enfant

Il faut que vous le sachiez dès maintenant : le public visé par Neil Gaiman, l’auteur, n’est pas le même que celui d’Alice. Il s’agit ici vraiment d’une histoire pour enfants : l’héroïne y est jeune et dès le début de l’histoire le lecteur fait face aux problèmes d’enfant que vit Coraline, ses parents lui accordent trop peu d’attention et elle s’ennuie. Il n’y aura pas davantage de sous-textes, de réflexions profondes ou de lecture au deuxième niveau, on a ici bien affaire à une histoire pour enfants, mais attendez… Qui dit histoire pour enfants, dit morale ! (Mais si vous avez lu mon article sur Alice, vous savez en fait que ce n’est pas toujours vrai… )

Un élément important de Coraline est le genre auquel il appartient, il s’agit bien d’une histoire d’horreur. Une simple histoire pour enfants qui vous apprend donc ce qu’est la vraie valeur du courage et comment dépasser ses peurs. D’ailleurs sur ce point, je dois évoquer l’adaptation en film stop motion qui en a été faite : avec l’ambiance des décors et de la musique, le tout vous fera penser à la patte de Tim Burton. Henry Selick, l’animateur/ réalisateur du film Coraline est également celui qui a réalisé L’étrange Noël de Monsieur Jack. Mais alors, me direz-vous, s’il s’agit d’une simple histoire d’horreur pour enfants, pourquoi en parler ? Eh bien, ne trouvez-vous pas émouvant de voir une adaptation d’Alice réussie dans le style Burtonien c : ? Je me devais absolument de partager ça !

Une œuvre qui s’adresse au lecteur, original, non ?

Enfin, abordons le dernier point, le vif du sujet, l’aspect horreur de l’histoire. Son scénario est bien maîtrisé, et que vous regardiez le film ou lisiez le roman accompagné des sublimes illustrations de Dave McKean, vous serez plongé dans l’univers. Le but de l’histoire n’est pas de suivre les aventures de notre héroïne mais bien de vous persuader que vous, ce soir après avoir fermé le livre et éteint votre téléviseur, allez devoir affronter les mêmes ennemis qu’elle. A plusieurs reprises cela est appuyé et nul doute que Coraline et son univers ne quitteront pas facilement votre esprit. Mission réussie pour l’auteur !