Tout amateur de romans noirs américains a un jour placé Douglas Kennedy en figure maîtresse du genre. C’est pourquoi, entre deux rayons de Gibert Jeunes, je me suis décidée à découvrir l’auteur, en optant pour The Job, l’un de ses nombreux classiques, publié en 1998.

 

L’histoire est celle de Ned Allen, un commercial à l’apogée de sa carrière… du moins jusqu’à ce que son entreprise soit rachetée et qu’il perde son travail. À partir de là, tout s’enchaîne : la recherche d’emploi semble vaine, les dettes s’accumulent, sa femme perd patience… En somme, l’histoire classique d’un homme qui avait tout, qui perd tout et qui, désespéré de s’en sortir, est désormais prêt à tout. Lorsqu’on lui offre un nouvel emploi un peu louche, il accepte sans poser de question, avant de se voir entraîné dans une impasse qui implique vol, trafic et meurtre. Une histoire qu’on a déjà vue (et lue) cent fois. Pourtant, ce roman fut un véritable coup de cœur pour moi…

 

First things first : le roman est extrêmement agréable à lire. Je l’ai lu en anglais, et je recommande ce choix : bilingue ou non, vous saurez apprécier l’écriture de Kennedy. Le style est très oral, du fait que l’histoire est racontée à la première personne, ce qui rend la lecture assez fluide. Ned est par ailleurs un fin orateur, si bien que même si l’histoire est assez sombre, les traits d’humour sont loin d’être absents. En tout cas, cette lecture est à la portée de tous !

 

De plus, le personnage central est très bien travaillé par l’auteur : Ned n’a pas l’étoffe d’un héros, loin de là. Il aime le confort de l’argent, il reste fier même au sein de son couple, il prend grand soin de son apparence… Il est plaisant d’avoir affaire à un personnage aussi réaliste. Pour autant, il est au début parfaitement éthique sur le plan professionnel. Le cœur du roman repose sur cette bascule : l’auteur manie finement l’évolution du personnage, qui laisse peu à peu de côté sa part de moralité en acceptant le fameux Job.

 

Le roman a une structure assez particulière. La première partie introduit le personnage : sa réussite professionnelle, son réseau, son argent, son couple sans accroc, son loft new-yorkais et ses vacances aux Bahamas. La seconde se concentre sur sa descente aux enfers : il se noie peu à peu dans l’alcool, les dettes et les disputes conjugales : son monde s’écroule. La troisième partie, la plus courte mais sans hésitation la plus intense, est celle où Ted accepte The Job et se retrouve piégé dans une vicieuse spirale. On peut regretter que cette dernière partie soit si brève, tandis que les deux autres occupent deux tiers du livre mais traînent en longueur. De plus, elle passe outre de nombreux détails, notamment à propos des différents trafics qu’impliquent l’emploi, et qui auraient pu donner encore plus de piment à la clôture du roman.

 

Que vous cherchiez à travailler votre anglais ou que vous soyez amateur de romans noirs, je ne peux que vous recommander ce roman. La lecture est simple et agréable, pleine de péripéties et de suspens, des ingrédients indispensables auxquels on peut ajouter la finesse de plume de Douglas Kennedy. Alors, si vous n’êtes pas encore familier avec cet auteur, foncez !