24 juin 2014

Selon “The Hollywood Reporter”, la Fox projette de réaliser une suite à la saga Predator. Cher journal, cette nouvelle me ravit autant qu’elle m’inquiète ! Malgré les qualités évidentes du film original, cela fait plus de 30 ans que l’industrie du cinéma se vautre littéralement dans cette franchise. Comment faire confiance à une société de production capable de rater un crossover aussi juteux qu’Alien versus Predator ? Shane Black, le réalisateur annoncé, ne m’inspire pas davantage. Face aux rendu discutable d’Iron Man 3, on est en droit de mettre en doute le bien fondé de sa nomination, et ce bien qu’il a été acteur du film original.

 

17 mars 2016

Cher journal, Arnold Schwarzenegger a finalement refusé de participer au nouveau Predator. Il ne reviendra que si les scénaristes “réécrivent […] un rôle plus pertinent” pour lui. Voilà une annonce dont le film se serait bien passé …

 

19 octobre 2016

L’acteur Boyd Holbrook est en contact avec la Fox pour négocier son contrat. Compte tenu de sa notoriété grandissante, il obtiendra sûrement le rôle principal. Ma foi, ce serait un bon choix étant donné sa prestation dans Narcos. Par ailleurs, sa présence permettrait de rajeunir la franchise sans la dénaturer.

 

 

 

1e novembre 2017

Shane Black a révélé ses intentions principales lors d’une interview : tiens-toi bien cher journal car celles-ci ont de quoi laisser perplexe ! Le réalisateur souhaiterait rendre hommage au film de 1987 tout en s’en démarquant. À ce titre, il ne voudrait plus que les personnages soient des “super soldats”, comme dans le premier film, mais des “gars avec qui on aimerait bien passer l’après-midi”. Cette stratégie vise à prendre en compte la demande de divertissement du grand public, et lui permettrait notamment de familiariser les plus jeunes avec l’univers de Predator.

 

 

 

10 mai 2018

Cher journal, j’ai pu voir le premier teaser sur internet ! Les extraits diffusés trahissent déjà d’importantes ambitions scénaristiques. Le film aurait pourtant gagné à rester plus humble : trop de blockbusters actuels pêchent déjà par excès de complexité. Comme dans Predator 2, beaucoup de scènes semblent se dérouler en ville. Espérons que Shane Black saura éviter les erreurs de son prédécesseur car les décors urbains s’étaient révélés nuisibles à l’effet d’épouvante.

 

17 octobre 2018

Cher journal, je viens tout juste d’aller voir The Predator ! C’est un film assez inégal dans son déroulement, aussi ai-je décidé de diviser l’ensemble en 3 parties homogènes pour te livrer mes impressions:

 

00:00 – 20:00 : Une entrée en matière réussie

Les 20 premières minutes du film laissent d’ores et déjà présager le meilleur pour la suite. Grâce à une réalisation intelligente, un véritable sens de l’esthétique et une musique qui renoue sobrement avec celle du film original, l’équipe de Black est parvenu à capter mon attention dès les premières minutes. Sans véritablement innover, le scénario introduit les personnages d’une manière simple et efficace. Boyd Holbrook, notamment, campe à merveille le rôle principal de Quinn Mckenna. Le film se risque même à quelques nouveautés lors de la scène d’apparition du Predator. Entre esthétique et gore, certains plans montrent un vrai soucis d’inventivité. On décèle également dans ces décors tropicaux, un hommage au premier film.

Malgré une entrée en matière assez classique, The Predator semble donc maîtriser son sujet. À ce stade-là, je de dois bien l’avouer : mes attentes en tant que spectateur étaient largement rehaussées.

 

20:00 – 55:00 : Un développement en perte de vitesse

Après avoir rencontré le Predator, Quinn McKenna est arrêté par les membres du Projet Stargazer, un groupe de scientifiques désireux de s’accaparer la technologie alien. L’organisation l’envoie dans un complexe de recherche où il rencontrera ses futurs acolytes. C’est précisément à ce moment-là que les choses commencent à se dégrader, notamment à cause des personnages créés pour assister McKenna. Tous sont d’anciens militaires au passé difficile : cela ne te rappelle-t-il rien cher journal ? On les trouve dans les Rambo, les Red et autres Expandables ; des rôles éculés de vétérans sur le retour. C’était sans compter le ton que les scénariste donneront à leur rencontre, entre blagounettes et postures d’hommes viriles.

Le développement du film est également entaché de quelques incohérences. L’exemple le plus frappant est peut-être celui du chien predator, censé pousser la métaphore du chasseur jusqu’au bout. Une idée originale, et cependant vite gâtée par la docilité absurde de la bête face à l’équipe de McKenna.

De gauche à droite: Sterling K. Brown (Traeger), Trevante Rhodes (Nebraska), Boyd Holbrook (McKenna), Jacob Tremblay (fils de McKenna), Shane Black, Olivia Munn (Dr. Bracket) et Keegan-Michael Key (Coyle).

55:00 – 1:40:00 : Un final en demi-teintes [SPOIL ZONE]

Suite à l’arrivée d’un second Predator sur Terre, une découverte importante relance le scénario: l’espèce predator projette d’évoluer. Pour ce faire, elle collecte les gènes d’autres espèces dominantes afin de parfaire son propre patrimoine génétique. Le premier Predator n’était donc qu’un dissident venu prévenir les humains de cette menace à long terme, et le second, un mercenaire à sa poursuite, chargé de collecter les gènes les plus prometteurs de l’espèce humaine. On saluera l’effort d’invention des scénaristes mais cette perspective se heurte déjà à un problème de taille. Mettre en scène de “bons” et de “mauvais” predators, c’est négliger l’antagonisme qui sépare justement l’homme du Predator. Décrit comme un chasseur attiré par la violence et les conflits, celui-ci n’effraie qu’en raison de son inhumanité. À l’instar d’une bête incapable de comprendre ce qui motive le chasseur à vouloir sa mort, le Predator suscite la fascination chez le public car ses actions les plus noires demeurent énigmatiques. Introduire des repères moraux au sein de cette race extraterrestre, c’est humaniser et rationaliser un monstre fantasmé pour sa part d’inconnu. À terme, une telle démarche reviendrait donc à faire du Predator un antagoniste lambda dans le monde de la science-fiction.

Grâce à ce ressort scénaristique tout à fait discutable, le film parvient toutefois à relancer son rythme. The Predator s’achèvera dès lors sur une suite d’affrontement plutôt réussie – on se serait bien passé cependant du combat final, mou et sans grand intérêt.

 

18 octobre 2018

Cher journal, une nuit de sommeil m’aura permis de prendre du recul par rapport au film. Mon premier sentiment est que ce scénario n’était pas à la hauteur de la franchise. Pour une durée totale de 1h40, les scénaristes auraient du s’en tenir à un script plus simple et efficace. La dernière scène annonce d’ailleurs une suite que je ne suis pas sûr de vouloir : faire de Predator une saga parmi d’autres, c’est encore banaliser son image auprès du public. Côté réalisation, Black a tout de même rempli son contrat, mais ce ne sera pas suffisant pour sauver le film.

Tu les connais peut-être, cher journal, ces critiques qui ne veulent pas descendre un long-métrage jusqu’au bout. Ils disent : “C’est un film qui se laisse regarder”. En effet, voila une phrase qui correspond bien à The Predator. Tout l’intérêt que je porte à la franchise me force pourtant à te répondre : “Ne le regarde pas”.