Doña Rosita, jeune fille pétillante, vit avec son oncle, sa tante et la gouvernante de la maison. La famille possède une agréable habitation avec un jardin et une serre tous deux somptueux, lieux clefs autour desquels gravite l’histoire. L’oncle de Rosita, grand amateur de botanique, cultive en effet un incroyable assortiment de fleurs et se passionne pour une rose particulière : rouge au matin, blanche à midi et qui perd ses pétales quand vient le soir… Doña Rosita, Dame Rose, est, elle, une grande idéaliste et rêveuse, éperdument amoureuse de son cousin, qui grandit entourée de suivantes et d’amies, est élevée tant par sa tante que par la gouvernante et connaît bien le langage des fleurs.

 

 

 

 

Federico García Lorca nous offre en 1935 Doña Rosita la soltera o el lenguaje de las flores (Doña Rosita la célibataire ou le langage des fleurs), subtile composition florale et théâtrale écrite un an avant sa mort en 1936. Auteur prolifique de la « Génération de 27 », mouvement d’auteurs espagnols du début du XXe siècle qui usent allègrement, entre autres choses, de la métaphore, Federico García Lorca est l’un des plus célèbres auteurs d’Espagne. Il est notamment connu pour des œuvres comme Poeta en Nueva York (Poète à New York), Romancero gitano (Romancero gitan) ou encore la trilogie champêtre Bodas de sangre (Noces de sang), Yerma et La casa de Bernarda Alba (La maison de Bernarda Alba) ; la pièce ici en question vient à l’esprit de manière un peu moins spontanée lorsque l’on mentionne le travail de l’auteur bien qu’elle soit un fin mélange entre ses deux domaines de prédilection : la poésie et le théâtre.

 

 

 Dramatique, poétique et abondamment fleurie, Doña Rosita la soltera o el lenguaje de las flores explose de couleurs et de parfums enivrants. Le récit s’ouvre aux premières lueurs du XXe siècle et a des airs de pièce coquette du siècle antérieur. Mi-vers mi-prose, l’œuvre est un véritable panache artistique du poète et dramaturge García Lorca. Elle s’articule autour de trois actes, reflets de l’évolution de l’histoire ; les deux premiers sont des plus poétiques et presque dansants, aux éclats rosés de l’ingénuité de Doña Rosita, alors que le troisième, plus lourd de sens et de forme par la forte présence de la prose, fait un bond de dix ans dans le récit pour faire savoir au lecteur le destin des personnages. Outre Doña Rosita, aucun autre des principaux personnages n’est nommé ; tous sont désignés par leur fonction par rapport à l’éblouissante fleur de ce bouquet, Rosita. Tantôt passionnée, bercée d’illusions ou trompée, Rosita va peu à peu se faner à force d’entêtement, elle qui n’admettra que « rien n’est plus vivant qu’un souvenir ».

 

Cessez donc d’effeuiller la marguerite pour savoir si vous allez lire cette pièce. Observez simplement son élégance, l’intensité de ses couleurs et succombez à son doux parfum… Vous l’aimerez un peu, beaucoup, passionnément…ou à la folie.