Isabella Bird : Femme exploratrice est un manga historique écrit par Sassa Taiga. C’est un premier roman prometteur pour cet auteur passionné de voyages et d’aventure. Le tome 1 est paru en octobre 2017, et le second il y a quelques jours, aux éditions Ki-oon. Mais les japonais ont bien sûr pu lire les chapitres en avant-première dans le magazine Harta d’Enterbrain (comme pour les manga Bride Stories, Stravaganza ou encore Wolfsmund). Le seinen comptabilise déjà 4 tomes au pays du Soleil Levant.

 

 

 

 

 

 

 

Inspiré de la vie d’Isabella Bird, aventurière et écrivaine du XIXe siècle, le manga retrace le voyage d’une étrangère sur le sol nippon pendant l’époque victorienne. La très célèbre voyageuse Isabella Lucy Bird avait conté son exploration dans le récit épistolaire « Unbeaten tracks in Japan » en 1881, (Trouvable à environ 10€) une compilation des lettres qu’elle avait envoyé à sa jeune sœur Henrietta. Le manga reprend son œuvre deux siècles plus tard, en y apportant une grande fraicheur. Le XIXe siècle représente un grand tournant dans l’histoire du Japon qui est contraint à s’ouvrir au monde après plus de 200 ans d’autarcie. Le manga nous fait réaliser l’important choc de culture et de visions que cela représente pour les gens de l’époque, et l’acclimatation difficile des étrangers dans un pays encore largement considéré comme « arriéré » par les aristocrates s’y étant installés.

 

 

Isabella Bird, jeune anglaise issue d’une classe aisée, débarque au Japon dans le but de se rendre au Nord de l’archipel nippon. Peu familière avec la culture locale mais ayant soif d’aventure, Isabella avait déjà sillonné de nombreux pays reculés, brisant l’habituelle stoïcité de la femme de l’époque victorienne. L’héroïne n’a pas froid aux yeux et subit les difficultés de son périple sans perdre courage. Cette terre étrange et hostile aux premiers abords se révèlera vite sous un nouveau jour au contact de la population locale. Une vraie leçon de vie pour cette jeune étrangère qui devra faire appel aux services d’Ito, un guide-interprète local plutôt renfermé. La barrière du langage, le voyage et les conditions de vie difficiles seront vite oubliés lorsqu’Isabella commencera à s’intéresser aux habitants et à leurs traditions, nourriture, rituels, comportements… Très justement, le mangaka nous les décrit comme des coutumes déjà en équilibre fragile, dont le déclin se fait déjà ressentir. Le racisme des occidentaux envers les locaux est aussi un sujet récurrent dans l’œuvre, qui sera nuancé par l’approche dénuée de préjugés d’Isabella Bird. L’exploratrice ayant grandi dans le milieu britannique mondain du XIXe, bien qu’au départ naïve, est tout de même enthousiaste et attachante, et on est vite pris par son aventure. De plus, le style graphique est travaillé, précis et reproduit fidèlement le paysage et la population japonaise sous l’ère Meiji.

 

 

Ce manga est à destination de tous les amateurs de culture japonaise et aux voyageurs dans l’âme. J’ai plutôt apprécié le manga même si pour ma part l’intérêt était diminué car j’ai déjà étudié l’histoire du Japon. C’est une excellente introduction ludique aux anciens us et coutumes nippons. Isabella n’hésite pas à aller contre les conventions sociales de son époque, et sa prise de conscience de l’impact des occidentaux sur les peuples asiatiques est intéressante.

Le ton est léger, le manga facile à lire, mais je n’ai personnellement pas ressenti d’affection particulière pour l’héroïne, un peu trop parfaite à mon goût. Reste à voir comment les personnages évolueront au fil des tomes. C’est un manga un peu particulier (d’aillleurs classé dans la collection Kizuna, qui regroupe les séries ayant un style unique, un peu éloigné du seinen ou shounen) qui changera des intrigues habituelles.