Comment ne pas être séduit par la curieuse « bibliothèque des livres refusés » de Jean-Pierre Gourvec ? A Crozon, au cœur de la Bretagne, les auteurs de manuscrits repoussés par les éditeurs peuvent partager leur œuvre avec le public en l’abandonnant dans ce sanctuaire…

 

 

 

Ce lieu si particulier suscite l’intérêt de Delphine, ambitieuse éditrice originaire de la région, et de son compagnon, jeune écrivain essayant vainement d’acquérir la reconnaissance de son talent.

Au sein de ce temple secret, les deux personnages vont dénicher le futur phénomène littéraire, un roman signé Henri Pick, ce pizzaiolo ordinaire décédé deux ans auparavant.

Mais est-ce réellement cet homme décrit comme inculte par ses proches qui a écrit « Les dernières heures d’une histoire d’amour » ?

Foenkinos embarque ainsi son lecteur dans une enquête où l’entremêlement des faits réels et fictifs brouille les pistes jusqu’à la fin du récit.  

 

On prend conscience, au cours de ce véritable voyage littéraire, du pouvoir d’un roman soudainement placé sous le feu des projecteurs. En effet, ce petit objet bouleverse le quotidien des personnages : il permet à la fois la réconciliation des membres de la famille Pick, le retour d’un critique littéraire oublié ainsi que le nouveau départ d’une bibliothécaire lassée de la routine.7

 

Mais à travers ce succès littéraire inédit, l’auteur nous offre une peinture des coulisses du monde de l’édition, où souvent l’histoire de la création de l’oeuvre et la personnalité de l’écrivain deviennent plus importantes que l’oeuvre elle-même. Noyé dans l’hypermédiatisation, le fond du roman perd ainsi tout son sens. Face à ce constat, David Foenkinos souligne subtilement que l’anonymat serait finalement ce qui permet au lecteur de se détacher des caractéristiques extrinsèques du roman.

 

La lecture de ce polar déroutant et parsemé d’ironie fait sourire et ce d’autant plus que Foenkinos y a inséré des figures réelles de l’univers de l’édition..

L’originale mise en abyme du travail de l’écrivain et la fine multiplication de fausses pistes sont les points forts du roman et compensent une fin quelque peu abrupte.

 

Le mystère Henri Pick, David Foenkinos, Editions Gallimard, 2016