David Chauvel et Fred Simon – Edition Delcourt 2014 (critique par Guillaume Bérard)

 

Denver, années 50. Un jeune homme né dans une ferme d’Henryetta – une petite ville perdue dans l’Oklahoma – s’installe dans un petit hôtel, invité par son cousin. Le jeune fermier, Happy Wimbush, va découvrir un monde très différent de celui qu’il connaît : le monde de la mafia. Son cousin, Chas, est en effet un homme de main du « Parrain », Ernesto Nicieza. Le voilà donc embarqué, bien malgré lui, dans des meurtres et des rackets en série sous la surveillance d’un flic véreux, et dans le braquage d’une banque commandité par le parrain qui veut dérober les diamants de la banque d’une valeur de plusieurs dizaines de millions de dollars. C’est l’histoire de ce braquage et des diamants volés que David Chauvel et Fred Simon racontent dans cette série réunie dans une intégrale.

 

Cette histoire passionnante, pleine de rebondissements vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière page. Le braquage et l’histoire très obscure des diamants sont racontés à demi-mot par des personnages différents. En effet, le lecteur commence l’histoire du point de vue du jeune fermier un peu naïf, Happy, avant de suivre Christina (la femme du bras droit du parrain). Le lecteur suit alors de nouveau Happy avant de suivre encore une autre personne… Ce changement de point de vue permet à l’auteur de dévoiler des informations petit à petit au lecteur de manière fort ingénieuse. Vous y trouverez aussi l’explication du titre de l’œuvre qui a un rapport étroit avec Happy Wimbush, qui peut aller dans le dangereux monde de la mafia sans être inquiété… On peut aussi trouver quelques références plus ou moins cachées que je vous laisse chercher.

 

Cette bande dessinée un peu particulière reprend les classiques du genre policier avec des trahisons, une histoire d’amour, des flash-backs, des meurtres, des manipulations subtiles, des interrogatoires tout en gardant un ton léger, souriant, parfois même drôle. Le dessin participe beaucoup à la légèreté de l’album en étant coloré, avec des traits précis mais qui ne reflètent jamais aucune violence, même dans les moments les plus crus de l’œuvre.

 

Le Poisson-Clown est donc une histoire de braquage intrigante, légère et racontée d’une manière très originale. Cette œuvre est aussi une critique du modernisme – Happy en tentant de s’adapter au monde moderne de Chas en fait une caricature involontaire et sa naïveté permet de mettre en évidence l’inutilité de nombres d’éléments liée à cette vie de faste que s’offre son cousin. Mais je ne vous en dis pas plus et je vous invite à lire cette bande dessinée exceptionnelle. Bonne lecture !