La Vague troisième volet de La Présidente, série de bandes dessinées qui nous décrit une France dirigée par la famille Le Pen pendant six ans de 2017 à 2023…

 

Il y a un mois sortait le troisième et dernier tome de la série La Présidente. Et par le plus grand des hasards (T_T), cette critique sera postée pendant la période de l’entre-deux-tours de la présidentielle 2017, entre Emmanuel Macron et … Marine Le Pen.

 

Du coup, autant vous le dire tout de suite : cet article n’est pas une bonne idée. Pas une bonne idée du moins si comme moi vous ne considérez pas l’élection de Marine Le Pen comme une bonne chose (vous avez le droit d’en penser autrement, nous sommes jusqu’à nouvel ordre en démocratie).

 

Mettons au clair les choses d’emblée, la série de BD La Présidente est une très bonne lecture, surtout si vous vous intéressez un peu à la politique. J’avais découvert la série il y a un an alors que j’étais en train de passer mes concours et j’avais accroché direct – traduisez : si ça avait été moins passionnant j’aurais peut-être eu HEC.

 

François Durpaire, le scénariste, m’a troublé par la justesse de certaines de ses prédictions, surtout sur celles concernant l’avenir de la classe politique française (et ça sera d’autant plus vrai pour vous, si vous commencez la série maintenant, en avril 2017). Bon ensuite, toutes ses prédictions ne se sont pas révélées justes au cours des deux à trois années de travail que La Présidente a requis. On sent bien que Durpaire a fait plusieurs ajustements pour coller au mieux au vrai contexte politique français et international, ce qui nous donne droit à certaines situations what-the-fuckesques (en temps voulu, vous aurez le droit de vous foutre de ma gueule si ces situations venaient à se produire dans le monde réel).

 

J’avais également apprécié le coup de crayon du dessinateur, Farid Boudjellal, qui nous livre dans ces trois tomes un style ultra-réaliste. Mon seul regret sur les dessins était finalement l’absence de couleurs, mais vous vous apercevrez que c’est un choix artistique somme toutes assez cohérent avec le ton grave de la BD.

 

 

Alors pourquoi ait-je dit plus haut que de vous présenter cette BD en plein entre-deux-tours était une mauvaise idée ? Un ami l’ayant lu comme moi avait parfaitement résumé ma pensé dans cette phrase « Un mec tenté par le vote FN il voit cette BD, il hésite plus il vote Le Pen ».

 

C’est mon gros problème avec cette série. Si j’avais été un aspirant au vote FN, j’aurais sûrement vu dans le placement de La Vague en tête de gondole une propagande impériale.

 

La série se présente volontairement comme une dystopie, car la France de Marine Le Pen serait selon la BD à bien des égards dans un état catastrophique, entre le FN et une apocalypse zombie c’est difficile de dire ce qui aurait fait le plus de dégâts selon les auteurs.

 

Mais plus qu’une dystopie, cette série a souvent des accents manichéens. Je me suis trouvé gêné par la posture prise par l’auteur. MLP et toute sa clique sont présentées comme le grand Satan. Le problème, ça n’est pas tant que dans le monde réel les faits nous aient prouvé que c’était des gens adorables (sarcasme), mais que par opposition, sans mauvais jeux de mots, les adversaires politiques de Marine Le Pen sont idéalisés. Si François Durpaire insiste bien sur les coulisses des lieux de pouvoir et sur la nature peu recommandable de leur occupants frontistes (nature que je peux très bien concevoir comme étant proche de la réalité), il ne le fait que très peu du côté des opposants au FN. De ce fait les dits opposants sont semblables à des chevaliers blancs, drapés d’une vertu que pour le coup j’ai plutôt du mal à concevoir chez leur avatars dans notre réalité.

 

 

 

Bien que je ne sois pas complètement en accord avec le discours latent dans cette série, je vous en recommande la lecture. Je suis bien conscient que cette critique est empreinte d’une certaine opinion politique – la mienne en l’occurrence. Mais à bien des égards on pourrait faire le lien entre l’engagement de François Durpaire* en tant qu’homme de gauche et le point de vue adopté dans cette série. Pour ce qui est de la littérature je m’en tiens pour ma part à cette maxime d’Oscar Wilde « Une œuvre littéraire n’est ni juste ni fausse, elle est intéressante, ou elle ne l’est pas ».

 

En l’occurrence La Présidente est une œuvre intéressante.

 

 

Ensuite trois tomes ça fait cher et y’a pas encore d’intégrale, donc si vous aimez la BD, la politique, et que vous avez plutôt envie de vous marrer en deux tomes lisez Quai d’Orsay.

 

*J’aimerais rendre justice à Laurent Muller, co-scénariste du troisième tome, que j’ai allègrement squeezé durant tout l’article. Si ce dernier tombe par hasard sur cette critique, je lui saurai gré de ne pas m’en tenir grief. (quand je dis Durpaire, intégrez mentalement : « Durpaire ET Muller », soyez gentils, signé un homme à la feignantise inqualifiable)