HMS

Editions du Long Bec (2015)

 

HMS. Ces trois lettres désignent les navires de guerre de la marine anglaise. Il s’agit en réalité d’un sigle, d’un préfixe des noms de navires anglais signifiant « Her/His Majesty’s ship ». Johannes Roussel et Roger Seiter nous en font découvrir plusieurs dans leur œuvre dont le Danaë et la Galatée. Pour les amateurs de navires du XVIIIème siècle, sachez que vous y trouverez de nombreux types de navires différents, entre les corvettes, les frégates et autres navires de guerre ou de commerce…

 

On y apprend les conditions de vie dangereuses sur un bateau, les petites habitudes des marins, leurs coutumes. Saviez-vous par exemple que les matelots aimaient se baigner dans la mer en se protégeant de la noyade grâce à la grande voile, utilisée comme plancher sous l’eau ? Mais on y voit aussi l’enrôlement par la force de terriens (comme l’a été John Fenton) – la marine manquait en effet cruellement de marins et était obligée de faire appel à des « press gang » pour « convaincre » les terriens de s’enrôler sur leurs navires. Les relations entre les membres de l’équipage et les officiers sont cordiales mais fermes. Les officiers connaissent en effet parfaitement le métier de matelot, contrairement à ce que les clichés racontent, puisqu’ils ont pour la plupart été à la place de ceux qu’ils dirigent. Ils aident souvent les matelots lors des réparations, marteau à la main. Ils ont donc la légitimité pour administrer le navire afin d’obéir aux ordres de la Couronne, mais aussi pour punir les matelots ayant enfreint les règles parfois strictes du navire. La sentence du fouet, toujours exécutée en public, était monnaie courante…

 

Cette bande dessinée d’aventures, dont l’intégrale fait plus de 300 pages, évoque également la rareté des médecins à bord, rarement remplacés lorsqu’ils partent ou meurent. C’est un élément important du récit puisque John Fenton réussira à s’introduire sur les navires en tant que médecin. Ce récit aux rebondissements multiples ne nous emmène pas seulement à bord de navires, mais aussi sur terre dans cette époque où le commerce triangulaire florissait. Le sujet délicat de la traite des noirs est abordé sans toutefois tomber dans les stéréotypes. L’auteur montre une vaine tentative de rébellion, met en scène des massacres et des tortures pratiqués tant par les maîtres que les esclaves. Les amateurs de policiers retrouveront aussi leurs classiques. Les empoisonnements, trahisons et mystères en tout genre ne manquent pas.

 

Que dire d’autre ? HMS est une BD à la fois d’aventures et policière, décrivant une époque et des personnages avec beaucoup de finesse. Le dessinateur est extrêmement talentueux, certaines cases sont en effet à couper le souffle comme en témoigne cette photo.