Sujet épineux pour qui connaît un peu la communauté la plus fanatique au monde. En effet, voilà quelques années que la communauté Pokémon attend un jeu qui transcendera les autres, un jeu qui puisse nous faire retomber en enfance tout en répondant à des souhaits d’adultes. Les jeux se succèdent et les critiques au sein de la communauté s’intensifient, sans pour autant éroder la solide couche de fanatiques qui bien que souvent déçus, continuent d’acheter les jeux en ayant l’espoir d’une amélioration miracle. C’est pour expliquer cette situation paradoxale que la Litto’sphère vous propose de s’attaquer à une des licences du jeu vidéo les plus importantes au monde.


Jeux Pokémon Rouge et Bleu sortis en France

Pour ceux qui ignorent encore de quoi il s’agit, Pokémon est à l’origine un jeu vidéo dans lequel on incarne un jeune garçon ou une jeune fille qui, à 10 ans, part faire le tour du monde afin de devenir le meilleur dresseur de Pokémon, ces derniers étant de petits monstres aux pouvoirs surnaturels. Les premières versions du jeu sont sortis sous le nom de « Pocket Monsters : Rouge et Vert » en 1996 et uniquement au Japon. C’est seulement à partir de l’internationalisation du jeu que la contraction Pokémon fut finalement adoptée.

Aujourd’hui Pokémon est le deuxième jeu le plus vendu dans le monde avec plus de 346 millions de jeux vendus (septembre 2019) depuis sa création, devançant de nombreuses franchises très populaires telles que Call of Duty, Fifa ou GTA. La première du classement est, sans surprise, l’autre franchise à succès de Nintendo : Mario.

Au fil des années, Pokémon s’est diversifié en apparaissant sur d’autres vecteurs de diffusion (dessin animé, jeux de cartes ou encore manga) permettant ainsi à la franchise de s’inscrire durablement dans la culture populaire en plus de leur fournir une publicité rentable.

Il va sans dire qu’il s’agit ici du premier point pouvant expliquer le fanatisme évoqué plus tôt. De nombreux enfants ont tout simplement grandit dans la culture Pokémon et jouer sur la corde nostalgique suffit à effacer toutes critiques de l’esprit de ces derniers concernant les jeux de leur enfance. Cela s’observe avec la mise en avant systématique d’anciens Pokémons tels que Pikachu ou Dracaufeu. Qui dit culture populaire dit aussi acceptance accrue à l’absence de changement et il est effectivement peu de dire que la franchise Pokémon n’a guère évolué.


Dracaufeu, Pikachu et Miaouss Gigamax dans Pokémon Epée Bouclier

En effet en 20 ans le jeu est exactement le même à chaque fois. Le scénario est toujours aussi plat et se résume ainsi : un rival, une team de « méchant » qui finit par faire apparaître le Pokémon légendaire, des champions d’arène à battre pour devenir Maître Pokémon. Objectivité oblige, il faut noter que chaque nouveau jeu se différencie du précédent. Mais souvent seulement grâce à un point qui est bien travaillé au détriment des autres. Pokémon Emeraude et sa Zone de combat, Pokémon soulsilver/heartgold pour sa longue durée de vie, Pokémon Noir et Blanc/Noir 2 Blanc 2 dont le scénario a le mérite d’exister.

Mais la nouveauté a ses limites, et elle ne peut duper indéfiniment. C’est à la sortie des premiers jeux Pokémon sur la 3DS que les critiques se font le plus sentir dans la communauté française. Ironiquement, la région des versions de X et Y est inspirée de la France. Pour beaucoup la sortie des jeux Pokémon sur la 3DS est comme une douche froide. En effet, beaucoup pensait que le jeu grandirait avec eux, comme semblait l’indiquer jusqu’ici l’évolution de ces derniers. Il n’en est rien, on assiste ici à un rétro pédalage aujourd’hui bien connu de la part de Nintendo et Game Freak consistant à enlever tout ce qui plaisait aux joueurs récurrents, donnant ainsi un scénario nul et non avenu, l’absence de post-game, et la simplification du jeu qui n’était déjà pas difficile. Le seul lot de consolation vient de l’ajout des Méga évolutions permettant à certains Pokémons un boost de puissance et un nouveau chara-design.


Méga Dracaufeu X

Méga Dracaufeu Y

Le temps passe et les choses ne vont pas en s’arrangeant, Soleil et Lune, Epée et Bouclier. Il ne reste que des bribes de scénario qui provoque chez moi une seule envie. S’en extraire au plus vite tellement ils sont niais et sans intérêt.

Rien ne sert de critiquer davantage. En réalité, Nintendo et Game Freak se sont simplement recentrés sur leur cible d’origine et principale, celle qui a fait de Pokémon la franchise à succès : les jeunes enfants. Et on ne peut pas vraiment leur en vouloir. Aujourd’hui Pokémon est bien plus qu’un jeu, c’est aussi un dessin animé, des goodies; tous ces consommables qui rapportent beaucoup d’argent intéressent en réalité plus les jeunes enfants que les adultes.

Rajoutez à cela l’agenda très serré que s’impose Game Freak (un jeu tous les deux ans) ce qui ne leur permet évidemment pas de créer un jeu poussé où une génération vieillissante prendrait son pied. C’est un fait, les plus vieux ont été abandonnés par leur franchise. Et la mise en avant de la scène compétitive ou de l’open world ne sont des éléments qui ne donnent des gages d’améliorations que pour un public de jeunes adolescents.

C’est ainsi qu’on obtient ce paradoxe. Une communauté de joueurs nostalgiques espérant une évolution parallèle à leur âge croissant, qui achètent leur propre déception en attendant le Saint Graal du Pokémon, et de l’autre, une entreprise ayant une réalité économique devant les yeux et misant donc tout sur la jeune génération, en se délaissant du poids de sa fan-base.

Je me fais indubitablement trop vieux pour ce jeu qui est resté coincé à l’âge de mon enfance, et alors que je voudrais qu’il me rejoigne pour répondre à mes souhaits d’adultes, je retombe en enfance seulement lorsque j’ouvre ma DS.