Au Maroc, Loubna Abidar est « Abidar la Dangereuse ». Elle brise les tabous, dénigre les traditions, et fait honte aux femmes.

 

En France, et à l’international, elle est une actrice reconnue, nominée pour le César de la meilleure actrice en 2016 pour son rôle dans le film de Nabil Ayouch, Much Loved.

 

Dans ce livre, co-écrit avec Marion Van Renterghem, Loubna Abidar raconte cette dichotomie, ces deux visions, et ces deux vies : sa vie avant le film, et sa vie après. Elle met les mots sur son incarnation de Noha, une prostituée marocaine ; et sur Much Loved, qui évoque la condition des femmes au Maroc, le culte de la prostitution, et les tabous qui règnent autour du corps féminin.

 

Tout autant que le film en lui-même, ce récit nous ouvre les yeux sur la vie au Maroc, et plus particulièrement la vie des femmes. Il révèle dans toute sa splendeur la méchanceté dont peuvent faire preuve des individus qui se sentent insultés, qui pensent leurs coutumes bafouées. Il montre l’hypocrisie des hommes, qui prônent la virginité sans condamner le viol, souvent incestueux. Il décrit avec force le poids des choix d’une actrice sur sa carrière, et sur sa réputation, qui sont bien souvent à double tranchant.

 

Loubna Abidar nous offre son histoire de femme libre, sans prétentions, avec pudeur, mais elle reste toujours juste, fidèle à elle-même. Elle nous livre un récit bouleversant, qui indigne autant qu’il attriste. Une question revient sans cesse : pourquoi ? Pourquoi cette violence, pourquoi ce mépris, pourquoi cette incompréhension ?

 

Et puis, de temps à autres, un éclat de bonheur surgit, dans le répit que donne le hammam, dans la découverte du cinéma par une Loubna enfant, dans les voyages et les tapis rouges, dans la naissance de Luna, et finalement, dans l’apaisement de l’exil.

La Dangereuse est une femme qui revendique sa liberté avec force, et cela ne la rend que plus admirable.

 

 

 

 

 

« Loubna Abidar est l’incarnation d’une résistance. Le symbole de toutes les femmes que la tradition patriarcale, misogyne et machiste divise en deux catégories : les pures et les putes.

Une femme qui montre son corps est une pute. Une femme qui prend la parole est une pute. Une femme qui est une femme est une pute. Toutes les femmes sont des putes. » M.V.R.

 

La Dangereuse, Loubna Abidar & Marion Van Renterghem, Stock, 2016
Préface de M.V.R, Le Livre de Poche, 2017