« Big Brother is watching you ». Vous avez peut-être déjà entendu, vu ou même lu cette phrase angoissante sans même connaître son origine. Ces mots sont tirés du plus célèbre roman de l’écrivain britannique George Orwell, nommé 1984. Cette œuvre, paru en 1949 est une dystopie, qui décrit une Grande- Bretagne, trente ans après une guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest.

Dans cette œuvre, George Orwell imagine une société fictive, où le régime totalitaire serait poussé à l’extrême. Pourtant, ce livre du XXème siècle retrouve une certaine popularité et est souvent utilisé pour dénoncer certains problèmes politiques, sociaux ou économiques actuels. Mais alors, la fiction aurait elle dépassé la réalité ? George Orwell aurait-il réussi à prédire le futur vers lequel se dirige notre monde ?

Cet article a pour but de raconter l’histoire de 1984, mais aussi d’analyser l’œuvre et de voir comment elle peut se rapporter à notre société actuelle. Il ne contient pas de spoilers, alors bonne lecture !

L’importance du contexte historique

Pour comprendre ce qui a poussé George Orwell à écrire cette œuvre, il faut la replacer dans son contexte historique. Tout d’abord Orwell écrit ce livre en 1949, au sortir de la Seconde Guerre mondiale qui a montré au monde l’horreur du régime nazi. De plus, l’URSS reste sous la dictature du stalinisme. Aussi, l’auteur décide de rédiger ce roman d’anticipation (œuvre dont l’action se déroule dans un futur proche ou lointain), pour avertir les sociétés occidentales des dangers de la montée du totalitarisme.

 

Ainsi, pour délivrer à ses lecteurs son message politique, Orwell décide de créer une dystopie. La dystopie est un récit de fiction qui dépeint une société imaginaire souvent soumise à une autorité dont elle ne peut s’échapper et où les citoyens ont perdu leur libre arbitre. 1984 est devenu un classique du genre, car l’œuvre décrit un monde sombre, presque cauchemardesque, où les individus sont totalement asservis au régime politique en place.

Un monde intriguant et angoissant

Premièrement, avant d’analyser l’œuvre, il est important de faire un résumé de l’histoire, qui reste tout de même complexe. Dans cet univers imaginé par Orwell, l’histoire se déroule donc en 1984, d’où le titre de l’œuvre. L’auteur a décidé de centrer son récit sur la Grande-Bretagne et plus particulièrement la ville de Londres. Le monde a connu une guerre nucléaire trente ans auparavant, vers les années 1950, qui a vu s’affronter les blocs de l’Est et de l’Ouest.

 

À la suite de cette guerre, le monde est divisé en trois grands blocs géopolitiques: l’Océania, l’Estasia et l’Eurasia . Des régimes totalitaires, fortement inspirés du nazisme et du stalinisme, dirigent ces trois grandes puissances. Malgré des noms d’idéologies différents, ces régimes restent similaires. En effet, à l’origine, la guerre des années 1950 avait pour but de renverser le capitalisme pour défendre le prolétariat.

 

Mais, les régimes à la base communiste sont devenus totalitaires et leur montée au pouvoir à renvoyer les prolétaires qu’ils voulaient défendre, en bas de l’échelle sociale. De plus, les trois blocs sont en guerre pour le contrôle d’un territoire appelé le « quart-monde ».

 

Dans ce contexte géopolitique mouvementé, nous suivons le personnage de Winston Smith, qui vit à Londres, dans le bloc de l’Océania. Winston est un employé du Parti extérieur et fait donc parti de la caste intermédiaire. En effet, le régime océanien, appelé Sociang (ou Angsoc selon les traductions) divise la population en 3 classes : le Parti intérieur, le Parti extérieur et les prolétaires, qui constituent une majorité marginalisée.

D’autre part, Winston Smith travaille au Ministère de la Vérité, où son travail consiste à rectifier et supprimer toutes traces historiques qui ne correspondent pas à l’Histoire Officielle, qui doit toujours concorder aux prédictions de Big Brother, le dirigeant suprême du Sociang.

Un régime totalitaire à son paroxysme

En outre, comme évoqué précédemment, le régime Sociang tire ses racines du nazisme et du stalinisme. En effet, nous pouvons tout d’abord évoquer la figure de Big Brother. Il est le chef suprême de l’Océania. C’est un homme qui ressemble physiquement au chef du Parti Nazi, Adolf Hitler. Sa tête apparaît dans les moindres recoins de la ville. Pourtant, la population ne l’a jamais vu en chair et en os. Il est donc possible que ce ne soit qu’un personnage fictif pour personnaliser le parti, donnant au peuple une personne à aduler. Il contrôle la population grâce à des « télécrans ». Ces objets sont des télés qui émettent des images de propagande mais qui filment en même temps les individus de manière ininterrompue. Il est donc impossible d’échapper à la surveillance du parti.

 

De plus, le régime se divise en quatre ministères. Le Ministère de la Vérité (« Miniver »), qui s’occupe de l’information, l’éducation, le divertissement et les beaux-arts. Celui qui s’occupe de la guerre est le Ministère de la Paix (« Minipax »),. Puis le Ministère de l’Amour (« Miniamour ») qui veille au respect de la loi et de l’ordre. Enfin, le Ministère de l’Abondance (« Miniplein ») s’occupe de l’économie.

 

Ce qui est paradoxal dans ce gouvernement, c’est que les Ministères font l’inverse de ce que suggère leur appellation. En effet, le « Miniver » fait en sorte de falsifier les archives qui ne correspondent pas aux discours et à la volonté de Big Brother. Puis, le « Minipax » est en charge de la guerre et le « Miniamour » s’occupe de la torture et de la rééducation des citoyens qui ne respectent pas le parti. Enfin, le « Miniplein » est plus responsable de la pauvreté que de l’abondance économique.

 

Le lavage de cerveau de tout une population

D’ailleurs, la population n’est pas simplement surveillée, elle est aussi fortement réprimée. Comme dans tout régime totalitaire, celui d’Océania a une police secrète nommée « Police de la Pensée ». La police du parti traque les crimes et ceux qui s’opposent au parti, à l’instar de la Gestapo ou le NKVD. Le Sociang détient aussi sa propre langue, le « néoparler » (ou novlangue). Les spécialistes de cette langue s’occupent de réduire au maximum le nombre de mots pour éviter aux individus de trop réfléchir. Ainsi, comment les individus pourraient songer à leur liberté bafouée alors que le mot n’existe pas.

 

En outre, le néoparler est l’incarnation de la « doublepensée ». Ce système de penser revient à attribuer un double sens au mot, pour ainsi anéantir tout esprit critique et spéculation sur le sens des mots. Le but du parti est donc tout simplement d’hébéter la population, en lui retirant sa capacité à réfléchir, débattre, ou encore penser par elle-même. En effet, le peuple est constamment confronté à la propagande agressive mise en place par le parti, notamment à travers les médias et les télécrans qui doivent être allumés en permanence pour diffuser l’idéologie du Sociang.

 

Pour illustrer cette idée de penser unique, nous pouvons prendre l’exemple de l’émission les « deux minutes de la haine ». Tous les jours sur les télécrans, les citoyens ont cette émission qui est diffusée pour qu’ils puissent exprimer leur haine envers l’ennemi du parti le « Traître Emmanuel Goldstein ». D’après le parti, c’est lui qui serait responsable de tous les maux de la société. D’ailleurs, Orwell se serait inspiré de la figure de Léon Trotski pour celle de Goldstein. Léon Trotski est celui qui s’est opposé à Staline à son arrivée au pouvoir, et qui s’est ensuite fait assassiner par lui.

George Orwell, un visionnaire ?

Actuellement le roman 1984 connaît un pique de popularité. En 2020, lorsque la plupart des gouvernements annoncent le confinement, les recherches et les ventes de 1984 ont explosé. L’épidémie du Covid19 a même été renommé « Covid 1984 ». Les personnes qui se soulevaient contre les restrictions mises en place accusaient les différents gouvernements de prendre des mesures orwelliennes : surveillance de la population et de ses agissements, restrictions des libertés, sanctions… Aussi, de nos jours, 1984 de George Orwell n’est plus utilisé pour avertir des dangers du totalitarisme mais comme un moyen de se soulever face à la restriction des libertés.

 

Cependant, l’œuvre est parfois utilisée à tort et à travers. Certains politiciens ont cité George Orwell pour dénoncer les mesures du gouvernement. Par exemple, en mai 2020, lors d’un débat sur l’application « Stop Covid », le Républicain Damien Abad disait que c’était « un pas de plus, même prudent vers une société orwellienne ». Mais, des œuvres littéraires sont parfois faussement citées pour donner du crédit à un propos. L’ancien candidat à la présidentielle Dupont-Aignan avait posté un tweet avec une citation qu’il pensait être de George Orwell, avant de le retirer.

 

D’autre part, certaines inventions d’Orwell sont bien présentes de nos jours. Dans l’univers orwellien, les télécrans servent à surveiller la population. Or aujourd’hui, d’après l’ONG Human Rights Watch, la police chinoise se sert d’une application pour surveiller les musulmans chinois et les classer selon leurs comportements. De plus, le « versificateur » est un objet qui peut générer des musiques ou des œuvres littéraires. Cette technologie fait aujourd’hui écho à des intelligences artificielles comme ChatGPT qui sont capables d’écrire des textes ou générer des images. Ces correspondances avec l’actualité poussent les gens à s’intéresser de plus en plus à ce roman, qui fait aujourd’hui partie de l’imaginaire collectif.

En conclusion, un classique à (re)découvrir !

Finalement, le roman 1984 de George Orwell est une œuvre profonde qui amène à réfléchir. C’est une œuvre qui nous fait prendre conscience de l’importance de nos libertés et surtout l’importance de notre liberté de penser. Orwell a su créer une œuvre aussi terrifiante que fascinante, tant l’univers qu’il a créé est complexe et réfléchis dans les moindres détails.

C’est pourquoi, cette œuvre est devenue une référence qui inspire encore aujourd’hui. L’œuvre en elle-même a été adapté de nombreuses fois en film, en BD et a connu plusieurs rééditions. Dans la culture populaire, les dystopies comme Hunger Game ou Divergente s’inspirent de l’univers orwellien. L’auteur a aussi inspiré des livres, des films, des séries, des musiques ou encore des jeux vidéo.

 

Pour conclure, je dirai que c’est une qui m’a personnellement marqué de par son ambiance sombre qui nous plonge dès les premières pages dans l’univers, mais aussi du fait de son récit réfléchi et vraisemblable. C’est un classique de la littérature qui saura vous captiver et marquer vos esprits.