N’en avez-vous pas assez des héros en carton avec leur morale niaise, leur grande épée et leur machisme démesuré ?

Alors place aux femmes avec Bayonetta, une héroïne toute en courbes qui n’a ni froid aux yeux ni peur de se salir les mains.

Le jeu

Sorti sur Playstation 3 et Xbox 360 en 2010, puis sur Wii U et Switch après le rachat des droits par Nintendo. Bayonetta est un jeu vidéo d’action de type beat them all scénarisé et réalisé par Hideki Kamiya, un développeur connu principalement pour son travail sur les licences Resident Evil et Devil May Cry.  Initialement édité par Sega et développé par PlatiniumGames, un studio déjà célèbre pour ses systèmes de combats. Bayonetta est un chef d’œuvre de gameplay qui a su trouver sa place dans le cœur du public avec ses paysages gothiques, ses musiques épiques et surtout ses personnages plus que particuliers.

Un peu de contexte

Tout commence, comme souvent, par un conflit millénaire.

Dans une Europe médiévale coexistaient deux clans : les sorcières de l’Umbra, gardiennes des arcanes de la magie obscure de l’Umbra et invocatrices de démons, et les sages de Lumen, défenseurs de la lumière habilités à commander les anges. Les deux peuples, chacun détenteur d’une partie des « yeux du monde », dans un effort pour maintenir l’équilibre du monde, bannirent toute union entre les deux communautés.

Et comme rien ne dure jamais bien longtemps, un évènement vint briser la fragile harmonie entre les clans : la naissance d’un enfant appartenant à la fois au clan de l’Umbra et au clan de Lumen. S’ensuivit alors une guerre chaotique et sanguinaire résultant sur une victoire des sorcières. Mais l’euphorie des gagnantes ne fut que de courte durée, car les humains, effrayés par les pouvoirs des sorcières, firent ce que tout bon européen faisait le mieux à cette époque : une chasse aux sorcières. Affaiblies par leur combat contre le clan de Lumen, les sorcières furent tout bonnement exterminées jusqu’à la dernière, ou presque.

Spoiler alert, cet enfant comme beaucoup s’en doute, c’est Bayonetta. Cette dernière, après avoir été réveillée d’une hibernation de 500 ans, est l’une des dernières sorcières du clan de l’Umbra, et est accessoirement amnésique.

Le jeu retrouve alors Bayonetta, 20 ans après être sortie de son état de Belle au Bois dormant, sur la piste de ses souvenirs perdus et de sa véritable identité. Sur les conseils d’Enzo, son informateur, et de Ronin, démon armurier et barman, elle se lance dans un périple vers Vigrid, une charmante bourgade abritant « l’œil droit », un joyau similaire avec lequel elle espère regagner sa mémoire. C’est lors de cette quête, poursuivie par Luka un journaliste un peu trop collant, qu’elle rencontre Jeanne, une femme mystérieuse qui semble à la fois la connaître et vouloir la tuer.

Bayonetta jeu

Un personnage un peu trop sexy ?

Bayonetta c’est avant tout un personnage très controversé pour son hypersexualité.

Que ce soit dans ses courbes largement dévoilées, sa combinaison en cuir moulant ou sa poitrine volumineuse, Bayonetta a de quoi susciter la polémique. Souvent classifiée comme un stéréotype ambulant, Bayonetta, avec son érotisme poussé à l’extrême et ses poses aguicheuses semble en effet bien loin des habituelles demoiselles en détresse des jeux vidéo. Elle accumule les clichés féminins tels les baisers pour ouvrir les portes ou les ailes de papillons déployées lors des longs sauts accentuant son côté décomplexé jusqu’à frôler le ridicule.

Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser le personnage n’est pas issu de l’esprit malsain d’un vieux japonais muré dans sa cave, mais le fruit de l’imagination de Mari Shimazaki une toute jeune illustratrice, qui, avec le design de Bayonetta cherche à casser les codes en créant une sorcière dans l’ère du temps à la fois féminine et indépendante.

Le gore au rendez-vous

Et casser les codes, ça, Bayonetta le fait, et bien !

Armée d’un pistolet à chaque membre, la sorcière en soif de combat et de destruction sème la mort et le chaos dans son sillage, que ce soit pour défoncer des anges, des voitures, ou autres biens publics, elle prend soin de n’épargner au joueur aucuns détails sanglants de ses tueries de masse.

Habile, elle n’hésite pas à troquer ses quatre pistolets contre toutes armes lui tombant sous la main (fouet, hache, lance, épée, …, etc.), et provoquer des « attaques sadiques » invoquant guillotines et vierges de fer. De même elle est capable d’invoquer des démons grâce à sa chevelure, faisant au passage disparaître sa combinaison (qui en était composée) la laissant totalement dénudée, à peine cachée par ses cheveux qui prennent la forme d’une main géante, d’une lame ou encore d’un dragon.

Oiseau Bayonetta

Pas très catholique tout ça

Le jeu, en plus de l’hypersexualisation de Bayonetta, va susciter des critiques d’un tout autre genre vis-à-vis de sa profanation du christianisme.

En effet dès les premières minutes on peut découvrir Bayonetta, déguisée en nonne, baignée d’une lumière divine, les mains jointes dans un simulacre de prière juste avant de… décapiter un ange.

Et c’est d’ailleurs de manière récurrente que le personnage de Bayonetta va tout au long de sa quête tourner en ridicule la religion chrétienne la parodiant de quelque manière que ce soit.

On remarque alors que là où les anges vont s’approprier le rôle des « méchant de l’histoire », les sorcières vont au contraire s’élever au rang de légende. Cette idée va même se renforcer dans le design des invocations avec des démons très imposants et majestueux en en parallèle des anges à l’apparence grotesques avec des membres disproportionnées, ou l’absence de visage humain, les faisant bien plus ressembler à de gros pigeons qu’à nos traditionnels chérubins ailés.

Un Gameplay plus que parfait

Souvent mis en avant pour son gameplay fluide et dynamique, Bayonetta séduit autant les habitués de beat them all que les débutants. L’introduction du « Witch Time », permettant au joueur de ralentir le temps après une esquive, rend le jeu accessible à tous sans pour autant nécessiter de reflexes surhumains afin de réaliser les nombreux combos.

Le gameplay, avec toutes les pirouettes survoltées de Bayonetta, est bien ficelé de telle sorte qu’il n’entrave en rien la précision des attaques ou leur originalité grâce aux multiples combinaisons d’armes possibles rendant le jeu plus qu’agréable.

Conclusion

Aujourd’hui, 13 ans après sa création, la licence ne perd pas en popularité avec deux suites au jeu et la sortie récente d’un spinn off.

Pourtant ce qui vous fera tomber succomber ne sera ni l’histoire ni le gameplay du jeu mais bien son personnage principal : Bayonetta.

 

Alice BUCHNER