Le jeu vidéo a toujours eu une relation d’« amour-haine » avec le septième art. Ils partagent beaucoup dans leur art de sublimer le mouvement et de nous immerger dans des ambiances et univers différent grâce à leur mise en scène. Cependant, adapter un jeu en film ou l’inverse n’est pas toujours facile et fructueux.  L’objectif était souvent d’adapter rapidement un film ou un jeu pour profiter du succès de l’œuvre originale.

 Cependant, les séries semblent montrer que le format serait peut-être plus adapté pour développer l’univers complexe de certains jeux comme le montre la série The Witcher sur Netflix.

On pouvait alors être enthousiaste à l’arrivée de The Last of Us en début 2023.

Dernière journée sur Terre

Le début de l’épisode arrive à nous investir directement en faisant un parallèle avec la pandémie mondiale récente qui a secoué les structures de nos sociétés. Un scientifique fait une déclaration prémonitoire en mettant en garde sur notre manque de préparation en cas d’infection fongique. Il ne sera bien sûr pas écouté.

La mise en scène nous explique très efficacement que le 26 septembre 2003 sera la dernière journée normale pour la petite famille des Miller vivant à Austin au Texas. Comme n’importe quel autre jour, il commence au matin où l’on voit Sarah prendre le petit-déjeuner avec son père Joel et son oncle Tommy, une famille complice aux préoccupations banales.

C’est en suivant la journée de Sarah que nous voyons que les choses sont entrain de lentement s’effondrer. On est d’abord surpris que la femme de l’horloger libanais la chasse du magasin alors que ce n’est que l’après-midi. On voit même des forces de maintien de l’ordre parcourir la ville pour maintenir un semblant de stabilité.

Le spectateur avisé aura alors fait le rapprochement avec les émeutes énoncées plus tôt à la radio le matin en Indonésie. Parce que, c’est étrange n’est-ce pas ? L’Indonésie puis le Liban.

Le chaos semble se propager vers l’Ouest et gagnera rapidement le continent américain.

Plus le temps passe, plus nous nous rapprochons de la nuit qui sonnera le réveil des monstres. Les infectés sont mieux introduits que dans le jeu car leur dangerosité est clairement établie. On voit à deux reprise la voisine, une vieille femme à la mine terrible, presque à l’état végétatif, à laquelle on ne portera pas grande attention. Il se trouve que c’est elle qui sera le premier représentant de « coureur », le premier stade de l’infection. Sarah assistera au résultat du massacre commis par la vieille femme sur sa famille.

Grâce à une force démoniaque, elle parvient à courir vers Sarah avant d’être abattue. Alors que le chaos est totalement établi en ville, les valeurs se sont complètement inversées. On comprend alors clairement que le plus apte est Joel en faisant preuve d’un grand pragmatisme. Il prend des décisions rapides, avec clarté, en refusant tout altruisme et n’hésitant pas à sacrifier les autres pour garantir la survie de sa famille.

Cependant, c’est la scène avec le militaire qui va le condamner à emprunter une voie dont il ne pourra plus s’écarter. L’armée, celle chargée de protégée le peuple américain, fait feu sur lui et sa fille par peur d’une possible infection. Même si le soldat est neutralisé, Sarah succombe dans les bras de son père, marquant un bouleversement dans la psychose du personnage.

the last of us image fille champ Boston

L’enfer, c’est les Autres

Vingt ans plus tard, vingt de chute et de souffrances, il ne reste presque rien de l’ancien monde que de vieilles structures effondrées ou recouvertes de végétations, et le souvenir de la civilisation humaine.

C’est dans la Zone de Quarantaine de Boston que vit Joel. Ici, on ne se concentre plus que sur la survie en faisant preuve du plus grand pragmatisme. On euthanasie hommes, femmes et enfants à la moindre infection, on fait des tâches ingrates pour avoir ses rations militaires que l’on va ensuite échanger au marché noir.

Ce simulacre de société est dirigé par la FEDRA, un organisme à moitié totalitaire qui a hérité de l’armée américaine. Sous leur joug, c’est pendaison, surveillance et corruption qui règne lorsqu’ils ne sont pas dans des combats urbains avec les Lucioles, un groupe de rebelles qui veut rétablir les valeurs démocratiques de la vieille Amérique, si cette évocation  a encore un sens.

Joel lui est devenu très aigri et endurci par ce qu’il a vécu et semble avoir perdu presque toute trace de son humanité. Il garde toujours la montre cassée que lui a offerte sa fille, un moyen de comprendre que le temps c’est arrêté pour lui lorsqu’il a perdu la chose à laquelle il tenait le plus.

Malgré tout, il lui reste encore son frère Tommy qu’il va chercher à retrouver en sortant de la ZQ. Il va faire malgré lui la rencontre de la jeune Ellie qui va peut-être le changer de nouveau.

Conclusion

Ce premier épisode est excellent en termes d’introduction d’univers et rend honneur à l’œuvre originale qui est un incontournable des dix dernières années. Les décors sont beaux et la mise en scène est efficace.

Le thème principal du jeu à la guitare sait se faire discret et plaira aux fans mais devra néanmoins être utiliser avec réserve pour ne pas être trop répétitif.

Pour ce qui est de la performance des acteurs, Pedro Pascal reste toujours aussi bon en arrivant à vraiment humaniser Joel mais je ne pense pas que Bella Ramsey soit le meilleur choix pour Ellie car l’actrice souffre d’un cruel manque d’expressivité ce qui est pourtant capital pour apprécier le personnage de cette gamine dans un monde atroce.

Cet épisode insuffle donc une impulsion à une série qui se veut prometteuse et qui a le potentiel de développer un univers encore plus profond que dans le jeu.

Etienne Wassouf