J’ai découvert ce jeu un peu par hasard, scrollant sur les promotions de l’Epic Games Store à la recherche de la perle rare, près de 8 ans après sa sortie. Je n’ai pas été déçu un instant par ce petit jeu d’aventure et de réflexion. Si je souhaite y dédier ma première critique, c’est que ce jeu m’a profondément marqué en tant que passionné d’histoire et de jeux vidéo.

Que vous y jouiez en 2014 ou en 2022, Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre fait partie de ces jeux qui ne vieilliront jamais de par leur thème universel et leur style graphique. Ubisoft Montpellier a mis toute son expérience au service d’une œuvre de mémoire sur l’une des époques les plus sombres de notre histoire, la Grande Guerre, la mère de toutes les guerres modernes et des technologies de destructions du XXème siècle.

Ce jeu est dédié à toutes les victimes, civiles ou militaires, de cette guerre qui a causée plus de 20 millions de morts, 21 millions de blessés et qui en a traumatisé des dizaines de millions.

 

L’Art de retranscrire le réel 

Une chose saute aux yeux, et cela dès le menu, c’est le style graphique adopté. Le jeu est une bande dessinée animée aux couleurs assez ternes pour marquer le réalisme. Sur le front, les couleurs sont fades, le ciel est d’un jaune maladif et les tranchés d’un marron pâle pour exprimer la désolation qui règne sur ces terres.

A l’arrière, les décors et personnages sont bien plus colorés, comme si toute la vie c’était retranchée loin de la violence. Cette violence, elle n’est jamais très loin et l’on ne peut l’oublier quand on voit les dessins crus de soldats démembrés à vos côtés.

Mais ce ne sont pas de beaux et froids dessins qui suffiraient à faire ressentir toute la puissance de l’œuvre. La musique a rarement été aussi pertinente. Je ne pourrai jamais oublier ce morceau de piano qui se joue dans le menu et qui évoque à lui seul les moments de joie et de tristesse que l’on peut connaître dans la guerre.

Lors des scènes de batailles, une musique épique d’orchestre vous enjoins à foncer dans la mêlée et à esquiver les obus qui déchirent le ciel dans un sifflement glaçant.

 

Pour ce qui est du gameplay, le début du jeu arrive assez habillement à nous faire découvrir les mécaniques de jeu principales, même hors de la caserne qui sert de niveau didacticiel.

Dans cet environnement en deux dimensions, qui coule de source avec la bande dessinée, vous irez résoudre de petites énigmes en récupérant des objets à la manière d’un point and click dans un level design globalement maîtrisé. Malgré le charme des premiers instant, certaines des mécaniques deviennent assez redondantes après plusieurs heures.

 

Cependant, certaines séquences viendront couper cette répétitivité. On pensera notamment aux phases en voitures où vous devrez esquivez des obstacles aux rythmes de musiques classiques comme le french Can Can (elles rappellent beaucoup les niveaux de fin de monde de Rayman Legends, développé par le même studio).

Pour les petits curieux, des objets à collecter sont cachés dans certains recoins des niveaux et vous permettrons de mieux comprendre la vie de l’époque, mais c’est un point que nous aborderons dans la partie suivante.

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La Mémoire de tous

Les graphismes et le gameplay c’est bien beau, mais que serait un bon jeu d’aventure sans une bonne histoire ? C’est précisément le point le plus réussit du jeu. Je vais me permettre ici de divulgâcher le début du chapitre 1 et quelques lieux sans rentrer dans les détails.

Dans le village tranquille de Saint Mihiel dans l’Est de la France, vivent Émile Chaillon, Marie sa fille, Karl son gendre allemand et leur bébé. La guerre viendra déchirer cette famille en Août 1914 quand Karl est expulsé de France pour s’engager en Allemagne alors qu’Émile reçoit l’ordre de mobilisation Générale pour défendre la République Française.

Vous incarnerez aussi deux autres personnages : Freddie, un afro américain qui s’est engagé comme volontaire dans l’armée française pour se venger des allemands qui lui ont tout pris dans cette guerre, et Anna, une étudiante de médecine belge qui part à la recherche de son père, un éminent scientifique enlevé par le baron Von Dorf pour que ses expériences servent d’armes.

Ces personnages se retrouveront et sépareront au fil de l’aventure en pouvant compter sur les services du fidèle chien de sauvetage Walt.

 

Les personnages sont attachants malgré des éléments qui peuvent sembler paradoxales. Ils sont inexpressifs, leur visage est caché par des cheveux ou couvre chefs et parlent peu. Ce qui peut paraître être un défaut grossier sert en fait merveilleusement bien le récit car ces personnages de fictions peuvent représenter n’importe qui. Ce ne sont pas des héros, juste des gens ordinaire face à la guerre. Cet aspect impersonnel permet de s’attacher bien plus facilement à eux et de les humaniser.

Ce jeu réussit une performance que je crois avoir vu uniquement dans les plus récents Assassin’s Creed par l’aspect pédagogique. J’ai dit plus tôt que l’on pouvait récupérer des objets qui renseignent sur les coutumes de vie de l’époque mais ce n’est qu’une petite partie.

 

En collaboration avec Apocalypse : la 1ère Guerre Mondiale et 14-18 Mission Centenaire (entre autre), chaque niveau va nous proposer plusieurs faits historiques avec des explications sur des batailles et conditions de vies à l’arrière ou sur le front accompagnées de photographies d’époque.

Le jeu a l’intelligence de ne pas nous faire parcourir seulement les batailles les plus connues de la guerre mais aussi des évènements qui élargiront votre culture historique. Les scènes les plus marquantes sont selon moi : La ville d’Ypres en Belgique qui a connu la première attaque de gaz de l’histoire le 22 Avril 1915 et Le Chemin Des Dames en Avril 1917 qui a été une boucherie dans le camp français.

Cependant, on prend quand même le temps de souffler quelques fois avec des moments de rire où les stéréotypes sont moqués. On devra par exemple aller livrer des bouteilles de Pinard aux soldats français ou de la choucroute aux allemands pour débloquer des situations.

 

Conclusion

En bref,  Soldats Inconnus : Mémoires de la Grande Guerre est un magnifique jeu, que ce soit par son histoire prenante, ses graphismes splendides ou son gameplay qui se prend facilement en main et permettra de faire découvrir l’histoire à tous. Cette expérience m’a fait connaître des personnages qui auraient pu être mes grands-parents, parcourir une France d’un autre temps et vivre les dernières heures d’un monde qui ressortira bouleversé de cette guerre.

Je laisserai les derniers mots au narrateur qui conclut cette œuvre :

« Même si leurs corps sont depuis longtemps retournés à la poussière, leur sacrifice continue de vivre en nous. Nous devons chérir leur mémoire. Nous n’avons pas le droit d’oublier. »

 

Cet article est dédié à tous les combattants de la Grande Guerre.

Vous qui avez servis votre pays, qui avez été marqués dans votre chair et dans vos esprits, ayez à jamais mon profond respect.

 

Etienne Wassouf