[CET ARTICLE CONTIENT DU SPOIL, SI VOUS N’AVEZ PAS VU LA SERIE, A VOS RISQUES ET PERILS, LA LITTO NE SE PORTE EN AUCUN CAS RESPONSABLE DU GACHI QUE CELA REPRESENTE, ET FONCEZ LA VOIR ILLICO PRESTO, cordialement ;)]

Il fut un temps, où dans un vaste continent nommé Westeros, la fantasy sonnait son retour tonitruant dans la culture populaire. Durant près de dix ans, Game of Thrones rythma notre mode de vie grâce à sa saison annuelle. Cette série, comme chacun sait, nous provient des romans de l’auteur britannique George R.R. Martin, initialement intitulés A song of ice and fire (eh oui Jamie). Elément important avant de débuter cet article : il n’a pas encore achevé les romans, la fin reste inconnue du grand public, et la série s’est affranchie de la trame littéraire pour les saisons six, sept et huit, malgré la présence de l’auteur sur le plateau de tournage en tant que conseiller.

Comment définir Game of Thrones, sinon comme le phénomène des années 2010 qui, à l’instar du Seigneur des Anneaux au début des années 2000, a promu la Fantasy, genre pourtant méconnu et stéréotypé, auprès du grand public jusqu’à en faire une des séries les plus vues de tous les temps. Pourtant, cette renommée durement acquise éclata entièrement lors de la parution des dernières saisons, alors que, paradoxalement, son succès dépassait des monts jamais atteints.

Aujourd’hui, terminée depuis trois ans, cette série événement ne fait plus la une des journaux, ni même l’objet des discussions ou de propos sur le net plus ou moins acerbes. En fait… Elle a comme disparu, un peu comme une ville anéantie par un cataclysme, où désormais seul règne un silence macabre. Pourquoi ce backlash (qu’on définira ici comme une vive réaction toxique qui dénigre systématiquement une œuvre) ? La qualité de cette ultime saison le justifie-t-elle ?

Pour remettre le contexte en place, les réalisateurs, Weiss et Benioff, en charge de la série depuis sa première saison, se sont engagés dans un bras de fer avec HBO concernant la durée des deux dernières saisons. La plateforme voyait en effet dans cette série une véritable mine d’or et insistait pour produire davantage d’épisodes, mais les showrunners, eux, ont tranché pour une saison sept de sept épisodes, et une huitième de six. A quoi est dû cet empressement ? On connaît la capacité de la série à prendre du temps pour développer ses personnages et son intrigue, et pourtant, de nombreux « déplacements rapides » parsèment ces deux saisons. De plus, W&B venaient de décrocher un contrat pour réaliser une série Netflix au même moment, donc on les accusa très rapidement d’avoir voulu se débarrasser de Game of Thrones pour voguer vers de nouveaux horizons toujours plus lucratifs. Comme toute production à grand succès tirée de livres, leurs ventes a explosé, et nombreux furent ceux qui se plongèrent donc dans les romans. A ce titre grandit l’armée de puristes, toujours à l’origine des backlashes. La communication de HBO paraît également fautive, car ils ont joué avec le phénomène et un nombre incalculable de fans en attisant sans cesse leurs attentes des années durant. L’exemple suivant est révélateur. Imaginez des millions d’internautes cliquant comme des fous sur une image pour la dégivrer durant des heures, et vous obtiendrez la révélation de l’affiche de la saison 8. La renommée de la série, l’influence grandissante des lecteurs, les libertés prises par les showrunners et la communication à la limite du déraisonnable : tous ces éléments ont mené au désastre de la saison 8.

Mais que reproche-t-on exactement à la saison huit de Game of Thrones ?

La liste paraît longue quand on écoute les haters, mais pas tellement quand on y réfléchit. Le dénouement d’arcs narratifs majeurs a grandement déçu les spectateurs. Prenons comme exemple le trépas du Roi de la Nuit à la fin de l’épisode trois, occis Arya alors qu’une des principales interrogations sur la saison consistait en quel personnage le tuerait (et Arya ne figurait pas parmi les candidats probables). Mais nous pouvons également évoquer le traitement de personnages importants, comme Jamie Lannister, dont le retour vers Cersei constitue, pour la plupart, un non-sens étant donné que le personnage semblait avoir achevé sa rédemption. La folie de Daenarys, bien qu’attendue depuis longtemps, semble également peu réaliste puisque la transition aurait pu se satisfaire de davantage d’épisodes. Par ailleurs, de nombreuses personnes trouvent honteux que Jon Snow (même si ce n’est pas son nom, enfin on s’en fiche désormais) n’ait pas tué le Roi de la Nuit. Enfin bon… regarder une série pour ne pas se faire surprendre, quelle drôle d’idée ! En somme, on reproche aux showrunners un empressement injustifié pour la conclusion d’une série d’une telle envergure. Là où le bât blesse, c’est que sur la base de cet argument, on se vide sur cette pauvre saison finale pour la massacrer comme Octave sur Marc-Antoine à Actium.

Pourtant, elle commençait bigrement bien ! Le deuxième épisode était le mieux noté de la série sur de nombreux classements en ligne avant la sortie de l’épisode trois. La production à alloué un budget colossal la saison, ce qui nous a donné la somptueuse bataille (un peu sombre certes, mais on ne regarde pas une série pareille sur un écran rikiki) de Winterfell, mais également l’effroyable sac de Port-Réal et j’en passe !

Alors la saison huit de Game of Thrones est-elle mauvaise, comme on l’entend souvent ? Peut-on justifier ce backlash ?

Il faut reconnaître que sa qualité aurait été tout autre avec deux fois plus d’épisodes. Six, c’est bien trop court pour le final d’une série qui met un point d’honneur au développement de ses personnages et de son intrigue. D’autant plus que si la plupart des éléments de la saison sont conformes aux attentes des fans, ce n’est pas le cas de leur ordre. En effet, on aurait souhaité que la saison se termine avec la bataille finale contre l’armée des morts, et pas la lutte avec Cersei, ni même la folie de Daenarys. Pourtant, il faut l’admettre : l’arc du Roi de la Nuit prend fin au troisième épisode, et la série se termine sur la lutte qu’elle a entamé dès le pilote : la guerre pour le Trône de Fer. On a alors assisté à un retournement historique de l’opinion publique en un très court laps de temps. Les fans sont passé de l’hystérie après l’épisode deux à une colère vive à la fin de l’épisode trois. Il faut les comprendre : après seulement trois semaines de visionnage, l’arc qui les hypait le plus depuis des années avait pris fin brusquement (mais avec classe). Et après… Le quatrième a prolongé cette défiance envers les showrunners, vu comme le plus mauvais de la série : voyages rapides (quand le même personnage fait Wintefell, Dragonstone et Port-Real en un épisode…), facilités scénaristiques (adieux Rhaegal) et autres réjouissances. Jamais un épisode de transition n’avait vu autant de têtes coupées (au propre comme au figuré) auparavant. L’épisode cinq, lui, a déçu pour le retournement de veste de Jamie Lannister, personnage pourtant adulé des fans, ainsi que l’inutilité de la Compagnie Dorée, pourtant très attendue (s’il fallait accorder un zéro en charisme dans la série, il serait pour lui)


ce type est un pétard mouillé

Enfin, l’épisode final, qui voit l’aboutissement des arcs de nos personnages principaux, la fin de Daenarys, et celle de Jon avec. La destruction du trône de fer, et une nouvelle organisation géopolitique de Westeros. Quelle ne fut pas la colère des fans en voyant que le Nord avait obtenu l’indépendance simplement en demandant, mais que Dorne a juste haussé les épaules, eux qui, dans le lore, se sont battus pour essayer de l’avoir en vain.

Mais l’heure est finalement venue de rétablir la vérité sur Game of Thrones saison huit, car sachez que presque toutes les attentes ont été comblées. Nous avons eu le droit à une magnifique bataille de Winterfell, teasée depuis deux saisons, et qu’on peut qualifier de cinématographique (oui, nous assumons les termes, à la litto), si ce n’est qu’on ne voit pas grand-chose. Un événement attendu depuis déjà plusieurs saisons également : le Clegan Bowl, probablement le passage le plus MOUTEPIQUE de l’épisode cinq, et pourtant passé à la trappe, alors que sa réalisation dépassait toutes les espérances et attentes possibles. La musique signée Ramin Djawadi, encore une fois, porte les épisodes avec une puissance insoupçonnable, et nous livre de somptueuses OST, comme The last of the Stark, The iron Throne, ou encore, et surtout The Night King, héritier direct de Light of the Seven, qui ornemente la bataille de Winterfell. Citons en outre l’hommage au Seigneur des Anneaux avec Jenny of Oldstones (la chanson de Podrick avant de se faire latter par l’armée des morts) Que dire, de plus, du développement des personnages principaux (Sansa, Arya, Podrick, Jon et Daenarys, le limier, Tyrion…) qui se terminent en apothéose dans cette saison ? Chacun trouve sa voie, plus ou moins glorieuse, et nous dit adieux à sa manière.

Alors oui, quand on y repense en détail, quel beau final que cette saison huit ! Et quel dommage de ne pas se souvenir de tous ces (nombreux) points positifs quand le principal défaut de cette ultime saison réside en sa trop courte durée ! Quelle attitude abjecte que de dénigrer cette œuvre à outrance, de là à signer une pétition pour la refaire (plus d’un million de signatures), puis de l’oublier, malgré tout ce qu’elle nous a apporté ? Je vous le dis, regardez-là à nouveau, en connaissance de cause, et vous vous sentirez honteux en repensant à toutes ces vilaines pensées que vous avez eues à son encontre.

Profitons en pour annoncer l’arrivée prochaine de la série dérivée de l’univers de Game of Thrones, House of the Dragon, qui se dévoilera à nos yeux ébahis dans l’année. Ne voici pas l’occasion de se faire un petit marathon de GOT pour fêter l’événement ? ?

Si vous souhaitez lire une review détaillée des épisodes de cette saison, alors n’hésitez pas, la Litto’sphère les a rédigé pour VOUS :

https://www.littosphere.net/single-post/2019/04/17/game-of-thrones-saison-8-episode-1-les-retrouvailles

https://www.littosphere.net/single-post/2019/04/25/game-of-thrones-saison-8-episode-2-les-derniers-pr%C3%A9paratifs

https://www.littosphere.net/single-post/2019/05/01/game-of-thrones-saison-8-episode-3-la-bataille-de-winterfell

https://www.littosphere.net/single-post/2019/05/15/game-of-thrones-saison-8-episode-5-dracarys

https://www.littosphere.net/single-post/2019/05/24/game-of-thrones-saison-8-episode-6-les-adieux

Nicolas Balter