Célèbre roman de 1895 par H. G. Wells, son histoire nous est présentée à la première personne, comme de nombreuses œuvres de Wells. Nous suivrons le récit du voyageur du temps, son prénom nous étant inconnu, qui le raconte à ses amis après l’avoir vécu. Comme le titre et la dénomination du protagoniste l’indiquent, nous avons affaire à un voyage dans le temps et plus précisément dans le futur.

Réunion scientifique entre gentilshommes

Lors des premiers chapitres, on voit le début et la fin de l’histoire. En effet, il raconte tout d’abord son projet et explique le principe du voyage dans le Temps. Ce dernier serait en fait une quatrième dimension. De la même façon que l’on se déplace horizontalement en deux axes et verticalement, il serait en théorie possible pour notre scientifique fou de se déplacer sur le quatrième axe, celui du Temps. Plutôt audacieux comme proposition narrative. Mais le début du récit se place dans les yeux d’un des amis, donc son départ et ses péripéties ne sont pas encore portés à notre connaissance. Au vu de la sauvage description qu’en fait son ami lorsqu’il réapparait, on pense tout de suite que l’aventure du voyageur s’annonce mouvementée et je ne vous le fais pas dire. Voilà le point de départ, et pour l’instant, la raison est encore un peu de notre côté.

Rendez-vous en l’an de grâce 802 701, où l’homme domine la galaxie. Le transhumanisme et un peu de cyberpunk sont passés par là, donc nous voila avec un gros dépaysement.

Maiiisss non. Excusez-moi, l’envie m’a pris de vous narrer un scénario classique de voyage dans temps classique dans une époque futuriste classique.

-Quel malheur que vous ne soyez pas écrivain, dit-il, en posant sa main sur l’épaule de l’explorateur. – Vous croyez à mon histoire ? – Mais… – Je savais bien que non ! L’explorateur se tourna vers nous. – Où sont les allumettes ? dit-il. Il en craqua une et parlant entre chaque bouffée de sa pipe : – A vous dire vrai… j’y crois à peine moi-même… Et cependant… !

Un monde paradisiaque

Donc recommençons. Rendez-vous en 802 701, notre protagoniste arrive en trombe et découvre un nouvel environnement bien curieux. Je vous fais le tableau rapidement : un jardin immense tel celui d’Éden, plus de mauvaises herbes, aucune espèce animale et des humains très particuliers. Honnêtement pour moi, on voit un tel changement que si le voyage dans le Temps devenait un voyage dans l’Espace et que notre bon voyageur avait atterri sur une planète alien, on n’y verrait que du feu, surtout quand on voit les humains de cette année-là. Je vous présente les Eloïs, androgynes, doux, très très simplets sur les bords, ressemblant à des elfes plus petits que d’habitude (coucou Tolkien) qui agissent tous comme des enfants. Manger, jouer, s’intéresser et s’en ennuyer en deux secondes, avoir peur du noir ou avoir peur tout court, dormir et être des victimes sont le quotidien de ces humains du futur. Notre protagoniste évolue donc dans cet environnement entre réflexions sur ce nouveau monde et recherches d’indices sur sa machine. Oui parce qu’entre temps, tellement fasciné par cette époque, notre voyageur se voit retiré sa machine à son insu. Ce que j’apprécie vraiment dans cette œuvre, c’est qu’à travers cette vue subjective, on suit le protagoniste dans ses réflexions et leurs évolutions. On passe entre espoir, optimiste, désespoir, tristesse et colère. On voit passer le voyageur par différents stades concernant sa vision des natifs. Après la fascination vient le mépris, mais le plus intéressant reste la relation qu’il forme avec Weena, une native qu’il sauve et qu’il décide de protéger pendant le reste de ses investigations.

Terrible secret

Au cours de ses pérégrinations, et à la recherche d’indices pour comprendre ce monde et donc pourquoi sa machine lui a été enlevée, le voyageur du temps découvre un monde souterrain où vivent les Morlocks. En y descendant, il découvre que ces créatures alimentent le monde du dessus. Mais ces derniers se nourrissent des Eloïs. À force de rester dans l’obscurité, ces êtres ont développé une sensibilité extrême de la rétine et ne supportent plus la lumière. Ils ne sortent que la nuit, expliquant pourquoi les Eloïs craignent l’obscurité. La lueur de quelques allumettes que le voyageur avait gardées dans sa poche lui permet de s’échapper de justesse. Honnêtement, lors de sa première rencontre avec les Morlocks, j’ai plus ressenti un sentiment de pitié que de dégoût. Alors bien sûr, ils se nourrissent des Eloïs, mais ils ne font que tâter le protagoniste au début, tel Gollum pris de curiosité. Je concède que plus on avance dans l’histoire, et après de nombreuses péripéties, ils peuvent nous apparaître comme des monstres. Mais il convient de rappeler qu’on les considère à travers les yeux du voyageur, et donc à travers les yeux d’un homme de 1895. Plutôt datée comme vision, surtout quand le protagoniste suppute que ce sont les « communistes » qui sont la cause de ce nouveau monde.

Épilogue

Je vous passe tous les rebondissements, scènes de fuite et massacre d’Eloïs par les Morlocks. On se retrouve avec notre protagoniste qui a perdu Weena et qu’on ne reverra plus, sûrement cuisinée par nos cannibales gollumisés qui ont peur de la lumière. Le voyageur émet l’hypothèse que les Eloïs descendent des classes fortunées et oisifs, et les classes laborieuses piétinées sont devenues les brutaux Morlocks, le paradoxe étant que les Eloïs soient devenus leurs bétails.

Finalement, notre voyageur récupère avec grand mal sa machine et part précipitamment. Et c’est là que chaque fan de SF vit son meilleur moment. Il se déplace à très grande vitesse dans le temps, voit notre futur, le soleil qui grandit dans le ciel, des paysages apocalyptiques, des animaux hors de notre compréhension mais enfin, arrive à rentrer. On en vient donc au début, le voyageur arrive au moment où ses amis déjeunent et le voient en piteux état.

Voila une rapide explication de l’histoire, j’espère que cela vous aura donné l’envie découvrir ce célèbre et court roman de Science-Fiction qui, comme vous vous en doutez, m’a beaucoup plu. Le début est peut-être difficile à lire, les discussions scientifiques de gentilhomme n’étant pas des plus passionnantes.

Vincent HELLE