NieR Automata, créé par Yoko Taro, est un spin off de Nier, qui lui-même est un spin off de la franchise Drakengard. Autant dire qu’on part sur du lourd. Je vous rassure tout de suite, pas besoin d’avoir fait les titres sortis avant, bien que l’on remarque tout du long des clins d’œil (plus ou moins appuyés) à NieR premier du nom.

2B: « Tout ce qui vit est dédié à s’éteindre. Nous sommes perpétuellement emprisonnés dans une infinie spirale de vie et de mort. Est-ce une malédiction ? Ou une sorte de punition ? Je pense souvent au dieu qui nous a bénit de cette énigme cryptique… Et me demande si jamais nous aurons la chance de le tuer. »

Waouh, des robots qui se battent

J’en conviens, le speech de départ semble tout droit venu d’un esprit d’un enfant de 4 ans. Des aliens envoient des robots sur Terre, ils détruisent tout. Les humains, ils s’enfuient. Et ils font des robots qui vont se foutre sur la tronche avec les robots méchants des aliens. Tout ça au milieu de ruines, parce qu’un univers post apocalyptique, c’est stylé.

Mais comme vous l’imaginez au vu du titre de cet article, l’histoire est tout simplement l’une des meilleures jamais vue dans un jeu vidéo. Je parle ici de ces jeux, qui lorsque vous les terminez, vous restent dans la tête pendant un bon moment. Ces jeux qui, lors de leurs crédits (leurs vrais crédits de fin ?) vous prennent aux tripes et vous vous interrogez sur le sens de votre vie, maintenant que vous l’avez terminé. Oui, NieR Automata est l’un de ces jeux. Et cela se produit pour différentes raisons que je vais détailler maintenant. Mais comme je suis pas un fanboy, ne vous en déplaise, on parlera aussi des quelques points négatifs de ce titre.

L’histoire, donc. On part sur cette affrontement simple et on le complexifie jusqu’à en être perdu. Honnêtement, en début de jeu, il se passe de nombreux événements un peu hors de notre compréhension. Par exemple, vous combattez un boss humanoïde et vous ne comprenez pas pourquoi. Parce que oui, les ennemis sont, normalement et presque tout le jeu, des boites de conserves avec une tête, des jambes, des bras. Contrairement à nos androïdes de combat qui nous servent de protagonistes, nos ennemis peuvent vraiment être rattachés au qualificatif robot. Mais pour en revenir à nos moutons robotisés, l’histoire est comme un nœud qui se resserre au début, puis au fil du jeu, il se délie. On vient faire apparaître des thèmes comme le transhumanisme, l’existentialisme, notre vision de l’IA, notre vision du bien et du mal, une quête identitaire de la part de nos héros, des réflexions sur la guerre, sur la vie, sur le jeu vidéo en lui-même. Yoko Taro est dans son monde mais s’est décidé à en nous livrer une partie.

On y voit aussi de nombreux moments qui vous retournent l’histoire ou plutôt la vision que vous en avez. Vous êtes amenés à réfléchir sur ce que vous pensez vous. Très flou hein ? Je sais. J’évite au maximum le spoil pour vous faire vivre la même expérience que moi. Je détaille pas non plus tous les thèmes évoqués puisque c’est le principe même du jeu de vous faire réfléchir à ces derniers. Mais soyez prêts à philosopher. Disons juste alors que lorsque vous verrez les crédits à la fin du boss, vous aurez fait une partie du chemin, la fin A à vrai dire. Il y a 5 fins principales, et beaucoup d’autres secondaires, 26 en tout puisque chacune est nommée par une lettre, donc bien 26 si je sais encore compter… Toute ses fins secondaires ne se valent pas, mais certaines sont franchement amusantes. Allez donc vous faire exploser dans votre vaisseau qui vous sert de QG…

Pod 042: « Un futur ne vous est pas donné. C’est quelque chose que vous devez vous créer pour vous même. »

Des personnages hauts en couleur

Comme dit précédemment, nous allons incarner des androïdes, 2B un androïde de combat et 9S, un androïde de soutien, nous accompagnera. J’ai hésité à parler de héroïne charismatique. Il est vrai et je suis le premier à le dire, que 2B est charismatique (pourtant aux allures de lolita-gothique), mais parler d’héroïne place cette dernière au centre du récit. Oui, on la joue donc on la voit tout le temps, mais que ce soit les antagonistes, les boss que l’on croisera au fil du récit, nos alliés de la résistance qui se trouvent sur Terre (des robots toujours) ou nos camarades androïdes dans notre vaisseau QG, même quelques robots (pas toujours hostiles) que l’on combattra, chacun semble avoir quelque chose à nous faire comprendre. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison si on croise quelques robots ayant pour nom celui de grands philosophes…

A2: « Je n’avais jamais vraiment réalisé … à quel point ce monde est magnifique. »

Le diable est dans les détails

Ce jeu marque aussi les esprits par les petits détails qui renforcent notre attachement aux personnages ou notre implication dans l’histoire. Lorsque l’on meurt par exemple, on ne respawn pas, mais on joue une copie de nous-mêmes. En nous éloignant du personnage par le fait que nous sommes qu’une copie, on s’en prend pourtant d’affection. Pour ce qui est de l’évolution de notre personnage, on va gagner des niveaux mais on va surtout influer sur nos compétences à travers des puces. On peut en mettre un stock limité donc on va devoir bien optimiser notre composition de puce mais cette mécanique de gameplay renforce le côté machine de notre personnage. D’ailleurs l’une des puces est une puce qui nous sert à fonctionner, sorte d’ordinateur central, et l’enlever signifie boum. Mais on peut ôter aussi les puces de minicarte, de l’ATH, tout cela renforce ce côté robot. On peut même rajouter des puces qui nous permettent d’esquiver ou de tirer automatiquement, uniquement en facile, mais c’est une autre façon de modeler la difficulté.

En résumé on fait face à une mise en abîme pour tout ce qui est fonctionnalités robotiques. On s’éloigne en somme du jeu et on pourrait parler d’expérience. La présence de nombreux secrets, easter eggs, références, ou autre situations intéressantes voire parfois un peu burlesques vont également être de la partie. Un autre détail qui m’a ravi : la possibilité de changer ses touches sur consoles. On vous propose différentes combinaisons, le B A BA quoi, mais cela ne me convenait toujours pas, alors pouvoir changer de place le bouton esquiver, quel plaisir !

Le gameplay

Un peu spécial à vrai dire de temps à autres, j’ai hésité à le mettre en points forts. Mais bon pourquoi pas me diriez-vous. On a affaire en fait à un mélange bien mélangé d’action et de RPG, tout ça mis dans un Beat Them All. Mais on constate aussi parfois un peu de jeu de plateforme 2D. Certaines séquences sont littéralement des Shoot Them Up, quand parfois on a affaire à un Hack ’n’ Slash… Ou un Bullet Hell. En somme un Action RPG quoi, logique. Un peu perdu ? En vérité, le jeu a un malin plaisir à changer brutalement de gameplay et que c’est dépaysant. Sinon, plutôt classique jeux japonais, des armes démesurés et des coups plutôt stylés.

La musique, sans aucun débat

Oui, je n’accepte aucun débat sur les musiques et d’ailleurs j’ai mes arguments puisque le jeu a été élu dans la catégorie meilleure musique aux Games Awards 2017. D’abord, pour comprendre, la carte du jeu est répartie en zones, très simple dans les faits : une zone forestière, le château de la forêt, la ville en ruines, le parc d’attraction, le désert, la zone portuaire, etc. Toute ces zones ont des musiques spécifiques qui se lancent quand vous y entrez, et restent quelle que soit la situation. Donc que vous vous baladiez, vous combattiez, vous mourriez, ce sera la même musique. Oui dis comme ça, ça fait pas rêver, on a peur de se lasser, on a peur qu’il y est un décalage situation/musique. Mais bon vous vous en doutez encore, les musiques sont incroyables, elles vous restent dans la tête pendant un long moment, sont epic et pourtant très belles. C’est à mon sens l’un des points forts du jeu. Pour en revenir aux zones, et donc à l’environnement, et parce que j’ai la flemme de faire une rubrique juste pour cela, la carte du jeu est vraiment pas mal. Paradoxalement on prend plaisir à se balader dans un monde sans vie, parfois ravagé et en ruines, parfois juste vide et monotone avec le désert par exemple.

Quelques mots négatifs

Bien sûr on va taper un peu dessus, histoire que vous placiez pas ce jeu au rang divin. Le rang ultime, c’est amplement suffisant. Les graphismes un peu datés, c’est dit. C’est pas moche non plus, mais on aura vu plus beau. On a quelques textures pas très détaillées. La sensation de vide également qu’on aura parfois en se baladant, extérieur comme intérieur. L’histoire trop complexe après quelques heures de jeu qui pourraient ne pas plaire à certains. Elle se livrera à vous après sur tout le reste du jeu mais le fait d’être dans le flou un long moment peut frustrer. N’y joué pas si vous ne voulez pas réfléchir en somme (on fait pas que ça dans ce jeu, hein, don’t worry). Pas de VF pour les voix peut être ? Personnellement, les voix anglaises m’ont suffi, et pour ceux qui veulent l’expérience la plus proche de celle produite par Yoko Taro, on a les voix japonaises.

En conclusion

Je dirais pour terminer et pour faire une brève conclusion à tout ça que ce jeu n’est pas pour tout le monde. Il en reste quand même très abordable dans son ensemble mais si vous ne cherchez que des fps multijoueur en guerre urbaine, ce jeu n’est pas pour vous (no offense j’aime beaucoup aussi). Si vous cherchez par contre à vous dépayser un temps, à vivre une expérience incroyable, si vous êtes fan de RPG, de SF également, je ne peux que vous conseiller fortement cette œuvre. Il faut aussi être bien accroché car on en ressort bouleversé, et pourtant je ne verse pas dans le mélancolique, mélodramatique, tout ce vous voulez. On peut avoir du mal à terminer cette histoire tant elle vous prend aux tripes (oui elle est triste j’avoue mais bon un peu de mélancolie parfois ça fait du bien). Mais malgré cela, il m’en reste un très bon souvenir et je regrette qu’il soit aussi peu visible et connu.

Vincent HELLE