Par Lucas Lemarchand

La fin de l’année 2020 a été marquée par la quatrième et dernière saison de Dix pour Cent. Cette série française, produite par France Télévisions, est disponible sur Netflix. Si le cinéma français est depuis plusieurs années assez décrié, la série connaît un grand succès national – mais pas que !

Dix pour Cent suit les péripéties au sein de l’agence parisienne ASK. On y retrouve quatre principaux agents d’acteurs, qui sont au petit soin pour leurs stars tout en essayant d’imposer leur vision, mélangeant plus ou moins subtilement art et business. Le nom de la série fait d’ailleurs référence au pourcentage du cachet d’une star payé à son agent. La série s’ouvre sur la mort accidentelle du fondateur de l’agence Samuel Kerr. Ce décès soudain conduit à des désagréments économiques et politiques. Les quatres agents que sont Andréa Martel, Gabriel Sarda, Mathias Barneville et Arlette Azémar, tentent tant bien que mal de sauver l’agence, quitte à se chamailler entre eux. La série, composée de quatre saisons de six épisodes chacun, nous plongent au cœur des coulisses du 7ème art, un monde très concurrentiel et rude, où les protagonistes n’hésitent pas à se manipuler les uns les autres pour s’occuper des plus grands acteurs et actrices et leur offrir les meilleurs rôles.

La série est construite de façon originale. En effet, à chaque épisode, l’intrigue se penche sur un acteur ou actrice, invitée pour un épisode et à qui il arrive des malheurs plus ou moins importants. Ces invités jouent des personnages basés sur leur véritable vie tout en y ajoutant une personnalité et des caractéristiques morales fictives ou du moins exagérées. On retrouve entre autres dans ces rôles Sandrine Kiberlain, Fabrice Luchini, Jean Dujardin ou encore Virginie Efira. Il y a bien sûr un fil conducteur, une intrigue générale qui relie les épisodes entre eux, en se concentrant sur les agents, impuissants face au mélange inévitable de leur vie privée à leur vie professionnelle.

L’intrigue, en apparence dramatique, est allégée par les assistants d’agents, des personnages drôles et touchants qui viennent épauler les protagonistes. Les quatre agents ont tous des personnalités différentes. Il faut dire qu’ils sont un peu stéréotypés mais c’est aussi ce qui fait le charme de cette série très divertissante. Camille Cottin tire bien son épingle du jeu dans le rôle d’Andréa Martel, réussissant bien à incarner cette passionnée dans tous les sens du terme. Les acteurs invités sont la caricature d’eux-mêmes, plein d’autodérision, ce qui conduit à des scènes loufoques et des caprices de stars qu’on n’oserait même pas imaginer. Ces guests ainsi que l’arrivée de nouveaux personnages amènent de la variété dans l’éventail de personnages et permet à la série de ne pas ronronner. Cette dernière reste tout de même assez réaliste en dépeignant un monde que l’on connaît peu. Elle possède à ce titre une dimension informative non négligeable – le scénario est à l’origine imaginé par d’anciens agents. Les drames et péripéties qui surviennent sont renforcées par des cliff hangers efficaces qui vous tiendront en haleine.

La série, dont la première saison est sortie en 2015, connaît rapidement un succès national, et s’est exportée depuis la saison 3 et la diffusion sur Netflix. Un pari réussi puisqu’elle connaît un succès certain notamment aux États-Unis, où elle s’intitule Call My Agent. Si les stars françaises ne sont pas forcément toutes connues outre-Manche, la série réussit son export au-delà de nos frontières en invitant des stars étrangères, comme Sigourney Weaver, que vous avez pu voir dans Alien. Dans la saison 4 se cachent plus de références au cinéma américain, comme par exemple à Gene Kelly dans Chantons sous la pluie. Le rayonnement à l’international de la série se traduit également par des adaptations en préparation dans quatre pays, en Chine, en Angleterre, au Canada et en Italie.

Dix pour Cent fait ainsi office de porte d’entrée sur la France et son cinéma, pour les Français les plus jeunes également, qui peuvent y découvrir de grands noms du cinéma français. Si elle n’est pas révolutionnaire – on est loin du cinéma d’auteur -, elle redonne quelque peu ses lettres de noblesse au cinéma français, en tout cas au niveau des séries, tout en étant très accessible et divertissante.