Woosh, woosh… alors que vous prenez un malin plaisir à trucider du Stormtrooper en utilisant vos pouvoirs de la Force, vous vous surprenez à trouver Jedi Fallen Order amusant. Ce n’était pas chose aisée au départ : la mécanique du jeu est assez déroutante pour les non-initiés, entre énigmes, parkour, combats et enquêtes, et peut déstabiliser, voire rebuter.

Cal Kestis, apprenti Jedi, voit sa vie bouleversée lors de l’arrivée soudaine de l’Empire au pouvoir, en 19 avant B.Y (Bataille de Yavin). La purge commence, et le nouvel ordre politique autoritaire n’hésite pas à former une nouvelle organisation issue tout droit du côté obscur : l’Inquisition, afin de traquer et éliminer les derniers Jedi. Cal cherche à s’enfuir, après que ses pouvoirs liés à la Force aient été détecté par les inquisiteurs. Dans sa fuite, Cal est secouru par Cere Junda et Greez Dritus, les pilotes du Stinger Mantis, un vaisseau au design peu inspiré. Ces derniers l’accompagneront dans sa lutte contre l’oppresseur, et l’aideront à poursuivre sa formation de Jedi.

Comme vu précédemment, le gameplay est somme toute assez perturbant. Les mécaniques de jeu nécessitent quelques heures avant d’être parfaitement assimilées. Cela gâche l’expérience du joueur, en partie à cause d’un système de sauvegarde désastreux, que je n’ai toujours pas compris, même après ma grande progression dans l’histoire. Ainsi, plus d’une fois je me suis retrouvé à insulter le jeu, parce que celui-ci m’avait fait réapparaître, au lancement d’une nouvelle partie, bien en amont de tout ce que j’avais déjà parcouru la fois précédente. J’étais donc obligé de tout refaire. Ajoutez à cela la quasi-impossibilité de se repérer dans les niveaux sans en recourir à une solution sur internet, et l’appréciation du jeu en prend un coup. C’est parfois un véritable casse-tête de savoir où il faut aller pour rejoindre l’objectif, tant l’aide à la progression est inexistante. On tourne en rond, on revient sur ses pas, on perd du temps, on s’énerve. On se promet qu’on n’y retouchera pas de sitôt, et pourtant on rallume sa console le lendemain et on y retourne. Pourquoi ? Parce que malgré ça, le jeu reste bon.

Les énigmes solliciteront votre maîtrise de la Force, votre réflexion et votre patience.

Les combats sont physiques, intenses, et ils vous font ressentir l’avantage que vous auriez à être un Jedi muni d’un sabre laser face à un soldat de l’Empire ou une bestiole galactique sortie tout droit d’un cauchemar. De plus, vous disposez également de pouvoirs spéciaux, qu’il vous faudra acquérir au fur et à mesure de votre progression. En effet, Cal semble avoir oublié ses entraînements passés auprès de son maître, durant son enfance. Ainsi, seuls les événements qu’il traversera au cours de son périple lui feront retrouver la mémoire et la pratique de ces pouvoirs. Vous disposez donc du sabre laser double-lame, de la projection, l’attraction, et l’immobilisation de force. Pas assez ? Vous êtes également accompagné d’un adorable side-kick, un petit droide BD-1 très attachant, qui gagnera lui aussi en compétence au cours du jeu, et saura vous porter secours si vous êtes en mauvaise posture. L’alchimie entre Cal et BD-1 est parfaite, leur complicité évoluant au gré des péripéties. Les autres personnages restent malgré tout transparents, les inquisiteurs sont des antagonistes assez communs, et l’apparition de personnages « clins d’œil » tel Saw Guerrera, vétéran de la Guerre des Clones, ne suffisent pas à faire de Jedi Fallen Order une référence dans la saga.

Privilégiez le corps-à-corps pour vaincre certains ennemis.

Les atouts du jeu résident ailleurs. La reconstitution des planètes est suffisamment immersive pour effacer la tension créée par la difficulté de certaines énigmes, et la peur de ne pas y retrouver son chemin. Sur Kashyyyk, vous rencontrerez une faune et une flaure luxuriante, hostile. Vous volerez sur le dos d’un oiseau Shyyyo, et nagerez dans les profondeurs de la planète. Sur Dathomir, vous vaincrez des Rancors, et découvrirez l’histoire des Soeurs de la Nuit, une secte obscure aux agissements maléfiques. Dans sa quête pour reconstruire l’Ordre Jedi, Cal explorera également Bogano, une planète inconnue jusqu’alors par les fans de la franchise. Là, il y fera la découverte d’une civilisation ancienne, les Zeffo, et apprendra l’existence d’un holocron Jedi contenant une liste d’enfants sensibles à la Force. Pour le trouver, Cal devra évoluer à travers des environnements remplis de pièges et d’énigmes, parfois complexes. Le manque d’indices en jeu est flagrant, mais un rapide tour sur le net ne devrait pas vous laisser coincé trop longtemps. Le scénario, quand à lui, ne peine pas à avancer. Toutefois, il devient très rapidement complexe, et on a du mal à véritablement comprendre ce qu’on fait, et pourquoi on le fait. En passant beaucoup de temps dans chaque niveau, on en oublie l’objectif scénaristique, la raison pour laquelle Cal est sur telle ou telle planète. Une relecture totale de l’histoire sera sans doute nécessaire à la fin de l’aventure, pour essayer au moins d’en retenir quelque chose. Au-delà de ça, le récit est basé sur le concept cinématographique du McGuffin (un prétexte au développement d’un scénario, prenant souvent la forme d’un objet à récupérer, ici la liste des enfants de la Force) et est donc assez simpliste. C’est un récit banal, un quête saupoudrée de péripéties et de moments de bravoure.

Certains monstres vous donneront du fil à retordre…

En résumé, malgré les quelques points de frustrations contenus dans un gameplay parfois désordonné et confus, le jeu est plaisant. Les casse-têtes portent sans doute trop bien leur nom, mais l’univers est si fidèle à la saga que cela en devient presque un problème de second plan. On trébuche, on peine à trouver une solution, mais on y retourne malgré tout. On s’attache à Cal, et cela suffit à vouloir poursuivre l’aventure à ses côtés, malgré les quelques points négatifs relevés au cours du jeu. Ça fait du bien d’avoir un jeu Star Wars complet, une vraie aventure solo aboutie, sans « pay-to-win », comme ce fut trop souvent le cas ces dernières années. Il rend un bon hommage à la saga, et s’insère bien en son sein. Je le recommande à tous ceux qui aiment les jeux où la réflexion est maître, aux amateurs d’action et d’aventure, et bien sûr à tout fan de la franchise qui se respecte.