Après le film Lady Birds, Greta Gerwig réalise une énième adaptation « Les filles du Docteur March » qui s’inspire à la fois du grand classique de la littérature de Louisa May Alcott. Relecture personnelle du livre, Les filles du Docteur March est un film à la fois atemporel et actuel où Jo March, repense à sa vie.  Plus précisément l’histoire tant connu est une description du quotidien de quatre sœurs d’une famille aisée mais ruinée, qui se frayent chacune leur voie, au gré de la fortune et des aléas de la vie, dans une société qui leur assigne un destin bien réglé doublé d’une promesse de bonheur : faire un bon mariage et sur le fond de la guerre de Sécession. Jo, le personnage principal, se découvre une passion pour l’écriture et rédige des pièces de théâtre que jouent ses sœurs en plus de son idylle avec leur voisin Laurie. Quand elle a l’opportunité de devenir écrivain, Jo s’en va à New York où elle rencontre le professeur Baher. Ses sœurs sont Meg, l’aînée, Beth (Elizabeth), la réservée et Amy, l’orgueilleuse. 

Une structure de film qui ne le rend pas ennuyant car le film ne s’endort jamais sur une situation notamment par un jeu de flash-back et de flash-forward, reconnaissable par des changements de lumières, la productrice Greta Gerwig donne une touche de moderne au récit sans en changer l’essence du livre. Là où tant de films se perdent dans leur obsession d’une reconstitution parfaite et irréprochable, Les Filles du docteur March est une œuvre en mouvement entre les échanges puissant et les rivalités entre sœurs qui peuvent être aussi violentes que d’adoucissante ponctué par les personnages extérieurs.

 

Autant de personnage auquel s’identifier

Comme Simone de Beauvoir dira : « Il y eut un livre où je crus reconnaître mon visage et mon destin : Les quatre filles du Docteur March, de Louisa May Alcott ». C’est une histoire à laquelle on peut s’identifier à différentes étapes de la vie : on peut être une Amy pendant quelques années, puis tout à coup devenir une Jo, puis une Meg, et on peut un jour être une Marmee (la mère) ou même Tante March (jouée par Meryl Streep) avant de redevenir une Beth. C’est une histoire qui parle d’identité et il n’y a rien de plus actuel. De nos jours, on se pose souvent les questions « Qui suis-je » ; « comment puis-je rester fidèle à ce que je suis,  tout au long de ma vie, malgré les opinions des uns et des autres, les moments de la vie ? », « Qu’est-ce que je veux vraiment ? ». C’est pourtant ce que Louisa May Alcott a écrit il y a pratiquement 150 ans et résonne toujours. 

 

Intemporel

Féministe à souhait, le film de Greta Gerwig ne tombe pas dans l’exagération et surtout dans le manichéisme peu subtil du rapport de force femmes victimes et hommes coupables. Au contraire : les hommes qui entourent les sœurs March (père, époux, prétendant ou mentor…) sont tous des complices des jeunes femmes, qui vont tenter de les soutenir et de les porter dans leurs ambitions. Les femmes dans ce film sont là pour servir leur propre histoire, et non pour créer un contenu pour un personnage masculin principal.  Tout au long du film, on peut ressentir l’ambition et la détermination de Jo pour devenir indépendante. On compatit à ses moments de fragilité ce qui fait du film un vrai régal grâce à une distribution moderne et rempli de talent (Emma Watson, Meryl Streep, Saoirse Ronan). Même si on peut penser que Jo incarne le féminisme pur, tous les autres caractères féminins le sont tout autant.

En résumé ce film est question de jeunes femmes qui ont le courage et la détermination de tracer leur propre chemin malgré les événements de la vie dans lesquelles on se retrouve.