Un article qui sort de l’ordinaire car nous traitons de biologie et de philosophie aujourd’hui. Mais Richard Dawkins en lui-même constitue un symbole de la pop-culture : ses idées ont révolutionné la culture scientifique. Elles sont présentées de manière à ce que des gens comme vous et moi, qui n’avons pas forcément cette culture un peu exclusive, puissions profiter de ce savoir qui nous donne matière à penser sur nous-mêmes. Dans ce livre, il a d’ailleurs inventé et défini le célèbre mot « Meme » qui a influencé l’existence des groupes « Neurchi » devant lesquels vous vous esclaffez gaiement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un « doge » meme, un type de meme élu comme le meilleur de la décénie 2010 par la communauté internet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi vous étiez égoïste ? La réponse simple consisterait à dire qu’on est égoïste parce qu’on a tout à fait intérêt de l’être pour satisfaire nos désirs, même si c’est parfois en empiétant sur le bien-être des autres. Mais au fond, pour la plupart d’entre vous ( à moins que vous soyez sociopathes, et dans ce cas là je connais un bon psy), vous êtes des êtres doués d’une morale qui fait que vous réprimez l’idée que vous êtes égoïste et qui, des fois, vous fait agir par simple altruisme. Encore une fois, pourquoi ? Est-ce que nous sommes naturellement nés avec ce sentiment de devoir agir moralement ? Sommes-nous naturellement égoïstes ? Ou les deux ? Laissez-moi vous présenter brièvement Le gène égoïste.

 

 

Richard Dawkins, éminent biologiste contemporain, écrit en 1976 de quoi réfléchir sur notre propre nature avec son Gène égoïste. Un titre racoleur, lui-même l’admettra, car en effet nous n’avons pas de preuves que nos gènes soient codés de sorte que nous agissions de manière à ce qu’on n’ait d’égard que pour nous même. Ce livre tout public a renversé la culture scientifique et constitue un incontournable pour tous ceux voulant comprendre le paradigme scientifique biologiste actuel. Cependant, il faut noter que Richard Dawkins a été beaucoup critiqué par la communauté scientifique, et la communauté religieuse bien entendu. Néanmoins, personne n’a prouvé que ses idées étaient fausses et encore moins que les données empiriques sur lesquelles il s’appuie l’étaient. L’idée principale est que notre patrimoine génétique nous pousse naturellement à privilégier des actes égoïstes à des actes altruistes dans le sens où nos gènes se servent de nous pour se reproduire, pour survivre dans le temps. De facto, l’intérêt des gènes est de donner à celui qui le transporte le comportement qui lui permettra de survivre, à savoir le comportement égoïste.

Exemple des plus sordides : une espèce de pingouins qui se déplace en grands groupes. Quand ils doivent traverser un passage d’eau entre deux banquises, ils prennent le risque de se faire dévorer par les phoques qui chassent. Donc pour s’assurer que la voie est libre, ils poussent un membre du groupe dans l’eau contre son gré. S’il traverse sans encombre, le groupe suit, s’il se fait manger, le groupe va prendre une autre route. Cruel, mais nécessaire pour la survie de celui qui a poussé son congénère et, à fortiori ici, du plus grand groupe. L’idée est que nos gènes ont évolué de sorte à ce que les membres les plus efficaces d’une espèce sont ceux qui sont les plus égoïstes quand il s’agit de survie. L’étude du comportement animal combiné à l’étude génétique nous donne avec Richard Dawkins une vision innovante de notre humanité. Car finalement, par nature, nous nous différencions assez peu des animaux. Nous avons nos propres attributs, pour l’essentiel désavantageux (essayez de vous battre à mains nues avec un ours, je pense qu’on ne vous entendra plus jacter), mais beaucoup de nos propriétés physiques et comportements instinctifs sont observables dans le monde animal.

Mais il est pourtant simple de constater dans l’histoire de l’Homme que celui-ci est capable d’actes altruistes et qu’il en accomplit tous les jours. La raison est la suivante. L’Homme est un être naturel doté de culture dans le sens qu’il maîtrise la technique, des savoirs, des mœurs, un sens culturel qui va le pousser à agir par altruisme, parfois au risque de sa vie, à l’encontre de ses propres gènes. Ici, Richard Dawkins assure que la morale est culturelle. Nous ne sommes pas naturellement bons, ou nous n’avons pas ce désir d’enfreindre à notre égoïsme par nature. Qu’il est intéressant d’observer l’histoire évolutive pour se rendre compte que la domination humaine sur son monde, mais aussi sa caractérisation unique qui lui permet de penser, de réfléchir sur lui-même, d’écrire sur un livre publié il y a 43 ans, est en grande partie le fait de la culture. 

 

 

 

Loin d’être fardé de termes scientifiques et d’explications soporifiques, le Gène égoïste vous fait mettre un pied dans la biologie avec ses fondements sur l’histoire de l’évolution tout en vous faisant plonger dans une réflexion philosophique qui vous rend béat face à la complexité de notre existence et de nos comportements. Enfin, il est un riche matériau pour la question de la moralité. Sommes-nous naturellement moraux ? Ou la morale vient-elle de notre culture ?