Écrit par Yusuke Murata, One-punch Man est sans aucun doute un des mangas les plus révolutionnaires de sa génération. Et quoi de mieux pour commencer un manga révolutionnaire qu’un opening (générique de début d’un épisode) qui donne des frissons. Est-ce là, le commencement du génie ou de l’ennui absolu ?

 

 

 

 

 

 

Le manga raconte l’histoire d’un homme, Saitama, un chômeur de longue date, qui tente tant bien que mal de se faire une place parmi les Héros qui défendent l’humanité contre les Monstres. Ce n’est pas la puissance qui lui fait défaut, car il est sans nul doute l’homme le plus fort du monde et son coup de poing terrasse n’importe quel ennemi en un coup. Le problème c’est qu’il est tellement fort qu’il s’ennuie terriblement dans sa vie, et mêlé à son caractère antipathique, cela fait de lui un homme détestable qui en général ne tire aucune gloire des exploits qu’il réalise en tant que héros.

 

 

 

 

 

La personnalité terrible de Saitama (radin, mauvais joueur, un peu bête, problèmes personnels en total décalage avec la situation) et son look (à la fois chauve et dans une tenue de héros ressemblant à un ostréiculteur avec une cape) font du personnage principal le parfait anti-héros.

 

 

 

 

 

 

Anti-héros d’une histoire qui d’ailleurs, ne lui est pas spécialement dédiée. En effet la saison 1 est consacrée plus souvent à Genos, l’apprenti auto-proclamé de Saitama, qui est l’antithèse de ce dernier. Genos est un cyborg, jeune, beau (avec des cheveux), puissant et motivé par une volonté de vengeance qu’il cherche à assouvir en augmentant sa puissance.

 

 

 

 

En théorie, il pourrait être comparé au rival classique que l’on retrouve dans tous les mangas, tel que Sasuke au début de Naruto. À la différence qu’ici, il est complètement subjugué par la puissance de Saitama, qui passe son temps à lui sauver la vie et lui démontre ainsi l’écart gargantuesque qui les sépare en termes de puissance. Genos devient donc son apprenti afin de comprendre d’où il tire sa puissance.

 

 

 

 

 

Cela devient entre autres l’intrigue principale de l’histoire. Or, il ne faut pas se le cacher, mais broder autour d’une intrigue comme celle-ci, c’est comme essayer de faire tenir un sumo sur un bateau en papier. Et les réponses apportées à cette intrigue au fur et à mesure du manga sont tellement absurdes, qu’elles nous font penser que ce manga est un vaste troll. La seule chose qui réussit à nous faire accrocher au manga, ce sont les combats qui en termes d’animation, font partie de ce qui se fait de mieux, couplés à une bande son excellente (aussi bien adaptée aux scènes de combat, qu’aux scènes comiques).

 

 

( Ci-dessous un extrait de la saison 1, illustrant parfaitement les points abordés jusqu’ici)

 

 

 

Mais soyons honnête, un manga, où l’intrigue principale ne tient pas debout et qui n’est intéressant que par son animation, c’est comme essayer de manger une viande avariée en la couvrant de sauce, ça donne envie mais on finit tôt ou tard par la régurgiter. Et c’est une sensation qu’ont ressentie beaucoup d’entre nous quand ils ont regardé cette animé.

 

Ce manga n’est donc qu’une vaste fumisterie qui, en se moquant des codes classiques du manga, se moque de nous. Toutefois (et vous aurez vu venir le twist), rester sur une telle impression serait faire offense à beaucoup de chefs-d’œuvre qui, pour montrer l’étendue de leur génie, ont besoin de poser les bases.

 

 

 

Et c’est bien ce à quoi sert la saison 1 en grande partie : poser les bases. Car la saison 2 une fois arrivée, a su apporter de la profondeur à une histoire qui en était jusqu’ici dépourvue. Tout d’abord, d’un point de vue scénaristique, on est passé de plusieurs petites histoires anecdotiques qui s’imbriquaient de manière complexe, à une trame principale servant de fil conducteur où tout nous apparaît enfin de façon limpide, et nous permet de comprendre le génie de l’œuvre. Cela nous permet également de profiter pleinement du développement des personnages, de pouvoir s’identifier à eux, notamment à celui de Saitama qui gagne enfin un certain charisme et une profondeur qui étaient jusqu’ici aussi inexistants que ses cheveux.

 

L’ajout et le développement du personnage de Garoh fait également beaucoup de bien au manga.

En effet, en l’ajoutant au duo Genos-Saitama, on obtient une vraie réflexion sur ce qu’est vraiment un héros. D’un point de vue très français, on a ici tous les éléments d’une bonne dissertation. Genos dans le rôle de la thèse, Saitama celle de l’antithèse et Garoh la synthèse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pure interprétation de ma part, me direz-vous. Je ne peux qu’être d’accord avec vous. Mais croyez-moi, vous avez, ici un pur chef d’œuvre du monde des mangas. Je ne peux que vous inviter à regarder ce manga. Pour les non-puristes de la VO, sachez d’ailleurs que la voix de Saitama en VF est interprétée par Orelsan qui, sans aucun doute, correspond parfaitement au caractère de ce personnage.