J.R.R Tolkien, créateur de l’univers du Seigneur des anneaux, a eu une vie bien remplie avec ses drames, ses amours et ses belles amitiés. Cette vie, le réalisateur finlandais Dome Karukoski a voulu en faire un film. Qu’en est-il alors de ce biopic audacieux ?

 

 

 

Tout d’abord, le film ne s’intéresse qu’au début de la vie du célèbre écrivain et philologue John Ronald Reuel Tolkien. On le suit de son enfance orpheline jusqu’à l’écriture du Hobbit (un des premiers succès de l’auteur). La première moitié du film est entrecoupée de flash-backs vers l’enfance et de retour à l’horreur du front de la première guerre mondiale où l’écrivain a servi en tant que sous-lieutenant. Ces flash-backs sont parfois un peu intempestifs et on aurait préféré une ligne plus chronologique et continue pour ce biopic. Le scénario du film débute avec le déménagement à Birmingham de Tolkien avec sa mère et son frère (peu de temps après le décès de son père). Le passage de la belle campagne verdoyante à une ville polluée comme Birmingham à cette époque a été un choc pour le jeune Tolkien qui aime beaucoup la nature, source d’inspiration pour ses écrits futurs. Il perd sa mère peu de temps après ce déménagement et passe sous la tutelle du Père Francis Morgan qui lui obtiendra la possibilité d’étudier au collège King Edward, établissement très coté en Angleterre, et un logement dans l’immeuble d’une riche philanthrope. C’est dans ces deux lieux qu’il fera les rencontres qui façonneront sa vie et, donc, le film. A l’école il rencontrera ses trois meilleurs amis, tous artistes dans l’âme, comme lui, et chacun dans un domaine : musique, poésie, peinture et pour Tolkien, sans surprise, la littérature.

 

On est touché tout au long du film par cette amitié quasi indestructible entre ces quatre personnages qui forment le T.C.B.S, un club officieux qui se réunit dans un salon de thé pour débattre et refaire le monde avec audace. D’autre part, il rencontre son amour de jeunesse et celle qui deviendra sa femme Miss Bratt dans l’immeuble où il loge. Cette histoire d’amour assez compliquée manque un peu de passion et paraît un peu lisse et prévisible. L’ombre de la première guerre mondiale fait aussi partie du film et joue entre l’imagination fantasy du protagoniste et la réalité avec une certaine habileté.

 

La force du film réside dans l’émotion qu’il donne à voir surtout dans les moments de drames. On ressent avec le personnage les déchirements dont il est victime mais aussi ses moments heureux et insouciants entre amis. L’humour est très peu présent mais quelques traits d’esprit sont lancés au cours de ce biopic de façon dispersée. Les références aux sources d’inspiration sont données aux spectateurs comme des clins d’œil plutôt discrets et secondaires. En revanche, sur la longueur, le film est assez plat et les moments forts n’arrivent qu’à la toute fin. Le problème de ce biopic est sa difficulté à meubler entre les moments charniers, un entre-deux ou l’on s’ennuie presque. La période « première guerre mondiale » de l’écrivain est trop peu représentée à l’écran alors que c’est cette période d’horreur qui a inspiré le plus Tolkien, dommage pour un biopic censé capter l’inspiration de ce dernier.

 

En conclusion, étant fan du Seigneur des anneaux, je suis assez mitigé sur cette adaptation qui ne capte pas assez le travail littéraire de l’auteur et reste assez plat dans son scénario. J’aurais préféré des flash-backs par rapport au travail d’écriture de l’auteur plutôt qu’à la Grande Guerre qui aurait dû être plus intégrée au processus d’inspiration de l’écrivain. C’est dommage d’obtenir un film moyen sur la vie d’un homme extraordinaire.