Si vous aimez les comédies horrifiques, les références à la pop culture et les films présentés à Cannes alors cette critique va vous réjouir. Nous allons évidemment parler du dernier film de Jim Jarmusch récemment sorti, the Dead don’t die. Dans un registre peu habituel pour le festival de Cannes, ce film nous présente un scénario assez loufoque que nous allons examiner plus en détails.

 

Il était une fois une petite ville sans histoire…

 

Tout commence par une enquête de routine faite par les policiers de Centerville pour un vol de poules. Dans cette ville jamais rien de différent ne se passe, tout va pour le mieux. Or un évènement planétaire se produit : la terre sort de son axe, sans que cela présente au premier abord des conséquences catastrophiques. Toutefois pendant la nuit la lune commence à émettre des rayonnements étranges qui vont avoir la fâcheuse tendance de ramener les morts à la vie. Il y en a d’abord très peu qui sont réanimés la première nuit, puis c’est le cimetière entier qui se réveille. C’est alors que la brigade de police de la ville va se retrouver confrontée à une horde de morts-vivants. Ils vont donc essayer tant bien que mal de survivre et de trouver une solution au problème.

 

 

Un film qui joue bien avec les codes du genre.

 

D’après moi on peut voir ce film comme un hommage au genre du film de zombies, avec des éléments introduisant un coté parodique qui apportent une touche de fraîcheur à l’ensemble. Je m’explique : le respect des codes est là puisque par exemple les zombies sont lents et sortent du cimetière pour attaquer une ville sans histoire, les survivants qui comprennent ce qu’il se passe se barricadent et essaient de survivre : tout ceci fait immédiatement penser aux films classiques comme ceux de Romero.

Ensuite on a le droit à une deuxième couche qui va participer à déconstruire la vision traditionnelle de ce genre de film. En effet les habitants qui ont compris le phénomène et la police ne paniquent absolument pas en voyant les morts-vivants. La police comprend tout de suite ce qu’il faut faire grâce à l’adjoint au chef incarné par Adam Driver. Ce dernier troque son costume de Kylo Ren pour celui de policier d’un trou paumé aux Etats-Unis. On remarque aussi que les zombies ne vont pas aller naturellement massacrer des humains. Ils vont d’abord vers ce qu’ils faisaient de leur vivant. S’ils trouvent des humains sur leur passage, ils iront les manger. On se retrouve donc avec des zombies nostalgiques qui nous font bien vite oublier qu’ils sont normalement des anthropophages dégénérés. Ce travail pour repenser le genre est bienvenu étant donné la qualité plus que douteuse de la plupart des films de zombies aujourd’hui.

Enfin on passe à la troisième couche constituant le film : celle qui est complètement loufoque, parodique et pleine de références à la pop culture. Comme référence, on pourrait citer l’employé des pompes funèbres de la ville qui est plus proche de Kill Bill avec son katana que d’un croque mort, jusqu’à ce que l’on découvre que c’est en réalité, attention spoil, une extraterrestre. Ou bien l’hommage à George Romero ou à Star Wars :  un star destroyer est accroché au porte clé d’Adam Driver. De même, les acteurs brisent souvent le 4ème mur puisqu’ils font référence au scénario dans le film lui-même, ce qui casse la logique de fiction. On va même jusqu’à exacerber les caractéristiques des personnages du fermier ultra-raciste du fin fond du sud des Etats-Unis jusqu’au geek planqué au fond de son magasin de BD. On a le droit à tous les poncifs du genre : on nous sert donc ici un OVNI à mi-chemin entre Shaun of the Dead ou Bienvenue à Zombieland et La nuit des morts-vivants. Toutefois on remarquera assez rapidement que la fonction du film est avant tout un hommage aux films de morts-vivants et probablement à George Romero.

 

Mais ses qualités font aussi ses défauts.

 

Ce sont surtout les éléments loufoques qui viennent créer un sentiment bizarre par rapport au film, un goût d’inachevé. Certains éléments parodiques comme la venue des extraterrestres arrivent vraiment comme un cheveu sur la soupe, sans avoir de justification. Certains personnages du film se cachent ou arrivent à s’enfuir mais on n’en entend absolument plus parler par la suite, d’autres se font tuer sans n’avoir jouer presque aucun rôle après avoir été introduits pendant 10 minutes. Ceci permet de lancer des pistes de suspense sans les achever, ce qui est gênant. Le scénario reste lui aussi relativement basique sans vraiment chercher à pousser les relations entre les personnages. Leur personnalité et leurs réactions face aux zombies restent assez plates et fades. Bien que ce soit le but du film de déconstruire cela, on aurait aimé plus de contrastes entre les différents sentiments des personnages.

Les éléments ont beau être étudiés pour nous induire en erreur sur les rôles de chacun dans le scénario, il aurait pu y avoir davantage de raccords entre tous ces éléments. Cela aurait permis au film d’avoir des bases encore plus solides. Le fait de laisser des questionnements sur des points du scénario peut être intéressant mais dans les films de zombies même parodiques, ces questionnements ne sont pas vraiment très utiles et peuvent alourdir un film qui pourtant ne se prend pas au sérieux et se veut léger.

 

Conclusion

 

Ce film reste un hommage respectueux aux classiques du genre mais certains éléments scénaristiques et liés aux personnages auraient demandé un approfondissement. Cependant, on ne va pas non plus insulter ce film qui, grâce à son panel de bons acteurs et ses aspects parodiques assumés nous fait passer un agréable moment sans nous prendre la tête. Les fans seront contents des références du film et les autres apprécieront l’humour et son originalité.