Bienvenue à tous, amateurs de viande rouge, chasseurs du dimanche et autres artisans boucher. Non, nous ne sommes pas dans un article de chasse et pêche mais bien sur la Litto’sphère. Cependant, le thème n’est pas si éloigné puisque nous allons traiter du film Halloween sorti en 2018 et réalisé par David Gordon Green. La première idée qui peut venir à l’esprit en pensant à ce film c’est «oh, encore un nanar sans scénario qui fait du gore pour du gore ». Certes ce film est gore mais pas dénué ni de scénario ni d’une réflexion que je vais essayer de vous exposer à travers cette critique.

 

HALLOWEEN : L’ENFANT DEMONIAQUE DE THE DEVIL’S REJECT ET THE PURGE.

 

Commençons par le début, l’histoire est assez simple et elle remet à zéro les compteurs des autres films Halloween, qui étaient globalement tous mauvais. C’est donc de nos jours que nous retrouvons Michael Myers, notre psychopathe préféré, placé en asile psychiatrique suite aux meurtres perpétrés en 1977. Deux journalistes vont alors l’interviewer en compagnie du psychiatre de l’hôpital en espérant n’arracher rien qu’un mot de lui. Ils repartent sans avoir rien obtenu et Myers est transféré dans une autre prison. Évidemment, le bus a un accident et Michael s’enfuit, jusqu’ici rien de folichon. C’est alors que la partie ressemblant à The Devil’s Reject commence. Telle la famille Firefly,  une bande de sociopathes consanguins, un peu comme dans le Nord, Michael, bien qu’ayant vieilli n’a rien perdu de sa hargne. Il va alors se lancer dans un roadtrip meurtrier en commençant par retrouver les deux journalistes qui possèdent un objet ayant une grande valeur pour lui, son masque.

 

À l’image de l’amour que porte certains hommes politiques pour les journalistes, Micheal Myers va les éliminer, eux et quelques autres figurants pour faire bonne figure. Il va ensuite se retrouver dans la ville d’origine des premiers meurtres, où les protagonistes vivent toujours, et là ça devient la fête façon American Nightmare. Myers va rentrer dans de nombreuses maisons sans qu’aucune ne soit verrouillée ; curieuse idée dans une ville américaine qui plus est. Il va alors se frayer un chemin sanglant à travers la ville jusqu’à retrouver Laurie Strode, la protagoniste du premier volet qui a survécu. Oui michael aime le travail bien fait tout en étant légèrement monomaniaque. Vu comme ça on peut penser que le scénario est très simple mais il arrive bien à suivre et à remanier le scénario du film original, qui était très bon, tout en innovant vers la fin.

UNE FIN QUI FAIT ECHO AU FILM ORIGINAL :

 

ATTENTION SPOILER : Dans le film de nombreux passages sont compréhensibles mais s’expliquent bien mieux en comparant le film original de 1977 avec celui de 2018. Le cas le plus notable est celui de la fin. En effet dans le premier la protagoniste est traquée par Myers à travers une maison qui n’est pas la sienne. Michael est laissé pour mort mais disparaît ensuite. Ici c’est bien l’inverse, la confrontation finale a lieu dans la maison de Laurie qui est bourrée de pièges, ce qui n’est pas sans rappeler la série de film Freddy les griffes de la nuit, dans laquelle, pour se sauver les personnages principaux mettent en place des pièges artisanaux contre Freddy.

De plus l’inversion par rapport au film original est accentuée par le fait que Myers a l’avantage sur le protagoniste. Elle aussi a vieilli et rivalise encore moins avec Myers. Il la laisse donc pour morte. Toutefois, en revenant vérifier qu’elle est bien morte, il se rend compte qu’elle a disparu. Il y a alors inversion des rôles et Michael ayant toujours été le prédateur devient la proie. On voit alors que le psychopathe calculateur est démuni face aux éléments qui s’additionnent contre lui : il est en terrain hostile dans la maison de Laurie Strode comme un mec qui ne boit pas en OB , comme Laurie a une fille et une petite fille, Michael est seul face à trois personnages vindicatifs et toutes les trois sont parfaitement en état de se battre. Cette inversion est plutôt intéressante puisque en partant d’éléments du film original, le réalisateur arrive à retourner l’atmosphère angoissante du film.

 

LA FAMILLE RAMBO, LE PSYCHOPATHE ET L’APPRENTI PSYCHIATRE.

 

Attardons-nous à présent sur les personnages et la réflexion que l’on peut tirer de ce film. Le film n’est pas dénué de clichés et le plus remarquable, c’est que ce film doit très probablement être financé par la NRA puisque la famille de la protagoniste est plus armée que dans Expandables. Bien sûr les armes sont présentées comme permettant de protéger la famille, quant aux personnages là ça devient un festival. Laurie Strode est hautement paranoïaque, obnubilée par la vengeance, meilleure que la police pour retrouver Myers et elle a éduqué sa fille comme dans Fight Club. Là on est vraiment dans des clichés bien lourds comme le cassoulet.

 

Prenons ensuite le psychiatre de Myers, qui, lui, veut jouer aux apprentis sorciers en observant Myers dans un univers réel, en dehors de l’asile. On comprend donc vite que la fuite de Myers, n’est pas dûe à un accident. D’ailleurs on peut reprendre la phrase de Nietzsche : « si tu plonges longtemps ton regard dans l’abîme, l’abîme te regarde aussi ». Voilà qui permet de comprendre que le psychiatre a sombré dans la folie à la suite de son obsession pour Myers. Ce film ne déroge pas à la règle des films américains et il mourra tué par Myers.

 

Enfin la réflexion que l’on peut tirer du film lorsque l’on voit trois générations de femmes d’une même famille lutter contre un psychopathe surhumain, est que personne n’échappe à son destin. En voyant la scène finale où elles laissent Myers brûler et s’en vont tout en gardant comme souvenir douloureux son couteau, on est tenté de penser que cette histoire n’est pas finie. Le couteau représentant l’âme du psychopathe pourrait bien se transmettre lui aussi comme s’est transmis le combat de ces trois générations de femmes. Je pourrais aussi développer la symbolique phallique du couteau que Myers utilise et qui était déjà présente dans le premier épisode mais ce n’est pas la réflexion la plus intéressante. Le film arrive donc, bien au-delà du gore, à créer un lien entre les personnages du film. Après la mère et la fille c’est au tour de la petite fille de combattre le croquemitaine qu’est Myers, comme un terrible rite initiatique.

 

UN FILM POUR LES CAP BOUCHER EN DOUBLE LICENCE DE PHILO.

 

Ce film reste donc du divertissement, des tripes volent, des crânes explosent, Michael Myers manie toujours aussi bien le couteau de cuisine. Comparé à l’original de Carpenter qui avait inventé le genre du slasher, c’est évidemment moins bien mais comparé au nombre de films d’horreur actuel, ce film se laisse regarder. N’espérez pas non plus trouver une réflexion à la Michael Moore mais les terrains où s’aventurent le film restent bien maîtrisés. Si un samedi soir vous ne savez pas quoi faire, ce film devrait vous faire passer une bonne soirée sans prise de tête.