Sortie cet été au mois de juin, Le Schpountz par Serge Scotto, Éric Stoffel et le dessinateur EFIX est le dernier né de la collection Marcel Pagnol (en BD) parue aux édition grand angle.

 

Il est ici question bien évidemment de rendre hommage au cinéma de ce réalisateur, auteur et écrivain incontournable de la culture provençale. Si je suis moyennement à l’aise avec l’aspect manifestement mercantile derrière marcel-pagnol.com (je vous conseille d’aller voir le site pour vous faire une idée de ce à quoi je fais allusion), force est de constater que la collection de BD semble avoir été une ostie de bonne idée.

 

J’ai découvert cette BD il y a deux jours, et la collection Marcel Pagnol par la même occasion. Il m’a semblé néanmoins, suite à la lecture de ce tome et à un bref passage en revue de la collection que ce numéro se distinguait de l’esprit de la série.

Cela n’est guère étonnant, car dans la filmographie de Pagnol, Le Schpountz tient justement une place à part. Au milieu de films certes pas dépourvu d’un ton humoristique mais qui restent dans l’ensemble sur une approche « sérieuse », Le Schpountz est une oasis de burlesque et d’autodérision.

 

Pour ceux qui ne connaissent pas le film, voici un court résumé de l’intrigue. Irénée, élevé depuis toujours par son oncle épicier, est persuadé d’avoir un don pour le cinéma. Son destin, il le sait, est de devenir acteur. Victime d’une mauvaise blague de la part d’une équipe de tournage de passage dans la région, le pauvre Irénée prends le premier train pour Paris, direction les studios Meyerboom où il pense avoir été engagé. D’espoir en désillusion, il sera révélé au public par un talent qu’il ne soupçonnait pas : l’humour.

 

La bande dessinée prend plusieurs partis pris intelligents dans son adaptation de l’œuvre. Le principal est celui de ne pas vouloir ressembler visuellement au film.

Cela se traduit concrètement par l’aspect des personnages, qui ne ressemblent que très peu aux acteurs du film original. Irénée le personnage principal joué initialement par Fernandel, n’a rien de commun physiquement avec l’acteur ; pareil pour l’oncle, figure paternelle, bienveillante malgré sa bougonnerie, plus avenant à bien des égards que celui du film.

 

En parallèle les scénaristes ont gardé les dialogues du film, et ont essayé d’en conserver l’accent chantant, le bruit des cigales et tout le reste, en jouant sur l’écriture et l’orthographe. C’est appréciable, car ce sont bien les dialogues qui font le charme des films de Marcel Pagnol.

 

Le dessin, par son aspect « cartoonesque », très éloigné de la BD cinématographique dans lequel on rangerait volontiers les autres albums de la collection, rend au scénario toute sa dimension comique, sans rien trahir du message d’amour que Pagnol adressait à cet univers du septième art. C’est pourquoi cette bande dessinée s’adresse bien entendu aux cinéphiles mais également à ceux qui n’ont jamais vu la filmographie de Marcel Pagnol.

 

Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans les pages de cette BD, puis d’aller (re)voir le film. S’il date de 1938, son ode à l’humour, éminemment molérien, est intemporel. Bon visionnage, et bien sûr bonne lecture !