Interview réalisée le 21 avril 2017

 

LITTO’SPHÈRE : Marguerite Sauvage, comment vous présenteriez-vous ?

 

Marguerite Sauvage : Ça dépend si j’ai du budget. Si j’avais un peu d’argent je mettrais un feu d’artifice et peut-être des danseuses derrière moi. J’ai le droit de rêver ?

 

LITTO’SPHÈRE : Comment décririez-vous Faith ? Est-ce que vous vous identifieriez à certains traits du personnage ou pas du tout ?

 

M. S. : Je décrirais Faith comme une plantureuse blonde optimiste et rayonnante, ce que je ne suis pas du tout physiquement [rires]. Faith est très geek sur les bords, elle est beaucoup dans la pop culture et là-dessus je pense que je la rejoins.

 

LITTO’SPHÈRE : D’où vous est venue l’inspiration de Faith ?

 

M. S. : J’ai eu un script et elle était déjà là [rires]. On m’a embauchée pour travailler sur la série.

 

LITTO’SPHÈRE : Et donc était-ce un choix de ne faire que les séquences de rêve ?

NDLR : Marguerite Sauvage a partagé le dessin de Faith avec un autre dessinateur ; elle-même était en charge des parties de l’histoire où Faith rêve.

 

M. S. : Non, c’était un choix de leur part, mais c’était complètement cohérent avec ce que je fais graphiquement donc ça matchait très bien.

 

LITTO’SPHÈRE : Donc ça ne vous a pas gênée de rester dans le même thème, de ne pas changer ?

 

M. S. : Non, c’est super drôle ! Les séquences de rêves sont les trucs les plus barrées donc c’était très bien.

 

LITTO’SPHÈRE : Vous étiez donc en équipe avec un autre dessinateur ?

 

M. S. : On ne travaille pas vraiment en équipe, on est chacun à l’autre bout du monde avec l’éditeur au milieu qui dispatche le boulot, qui valide etc., mais c’est du « work for hire », de la prestation. C’était bien huilé avant de nous donner le bébé et chacun a fait le boulot qu’il avait à faire.

 

LITTO’SPHÈRE : Avez-vous eu des conflits avec les autres dessinateurs ?

 

M. S. : Aucun ! Je n’ai même parfois eu aucun échange du tout ! Mais c’est comme ça que ça marche et on a des délais super courts donc on est obligé d’être super efficace et notre unique interlocuteur est l’éditeur. C’est pas du tout comme le système franco-belge.

 

LITTO’SPHÈRE : Comment avez-vous vécu le rythme de travail ?

 

M. S. : Alors moi ça va parce que je fais 2 ou 3 pages par numéro mais normalement le comics c’est 20 à 22 pages par mois donc Vous pouvez vous faire une idée… C’est soutenu !

 

LITTO’SPHÈRE : Considérez-vous Faith comme une BD engagée ?

 

M. S. : Oui bien sûr. Elle l’est naturellement au sens où elle présente une héroïne qui sort des stéréotypes. Ensuite, dans son discours elle ne l’est pas particulièrement parce qu’elle ne choisit pas de parler de ce sujet.

 

LITTO’SPHÈRE : C’est donc implicite ?

 

M. S. : Oui et justement je trouve que c’est une des meilleures méthodes dans la mesure où c’est complètement naturel. C’est là et tout le monde l’accepte : le public est super open. C’est un engagement qui n’est pas militant, mais qui est quand même efficace.

 

LITTO’SPHÈRE : Donc ce n’est pas la vocation première de Faith d’être engagée ?

 

M. S. : Je pense qu’il y a quand même une idée derrière ça, on ne présente pas une femme comme ça d’habitude. D’ailleurs Vaillant montre des gens qui peuvent être engagés.

 

LITTO’SPHÈRE : Que pensez-vous de la place des femmes dans le milieu de la BD ? Pour vous, s’est-elle améliorée ?

 

M. S. : Je pense qu’elle a un peu trop longtemps été ignorée. Après oui, elle s’est améliorée, mais il y a encore du boulot. Enfin comme dans la société globalement !

 

LITTO’SPHÈRE : Vous êtes donc une artiste engagée ?

 

M. S. : Oui, j’aime les loutres et je les défends [rires].

 

NDLR : référence à la série Monsieur Loutre dont elle est à l’origine.

 

LITTO’SPHÈRE : Est-ce que vous auriez une anecdote, un secret sur Faith à partager ?

 

M. S. : Mon chat marche de temps en temps sur le clavier, c’est un peu embêtant mais c’est à peu près tout ce qui peut se passer d’accidentel [rires].

 

LITTO’SPHÈRE : Y-a-t-il des références implicites dans ce comics ?

 

M. S. : Dans Faith il y en a plein qui sont faites par Jodie Houser. Parfois on s’auto-référence, ce qui est peut-être trop ‘private’ (personnel). On a créé une équipe de super-héros d’une série de SF (Science-Fiction) pourrie des années 1980 qui s’appelle les Night Shifters et c’est blindé de références. J’ai fait un mélange entre Last Man, Terminator, L’Agence Tous Risques… Donc oui il y a beaucoup de références !

 

LITTO’SPHÈRE : Quels sont vos livres et BD préférés ?

 

M. S. : Un de mes romans cultes est Le Monde selon Garp de John Irving. Sinon il y a Le Cercle des Amateurs d’épluchures de patates que j’ai lu récemment.

 

LITTO’SPHÈRE : Est-ce que vous auriez des conseils à partager avec de jeunes dessinateurs ou dessinatrices ?

 

M. S. : Travaillez beaucoup et ayez de l’humilité. Mais ne vous flagellez pas non plus !

 

 

 

Interview réalisée par Valentin Fournil, Marguerite Dutheil et Guillaume Bérard